L’urgence de ralentir, c’est maintenant ! Ralentir, c’est à dire repenser notre rapport à la consommation, au travail, aux loisirs, pour retrouver une autonomie en réapprenant à faire et à vivre ensemble. Face à la fuite en avant d’un capitalisme financiarisé, déconnecté du réel, qui dans sa course s’accapare toujours plus de richesses au détriment du commun, le moment est venu de sortir de la sidération.
Le changement ne viendra pas d’en haut, de ces élites - de plus en plus hors sol - qui nous dirigent vers une catastrophe pourtant annoncée ; mais bien d’en bas, de chacun d’entre nous, à condition d’entendre enfin l’évidence. Les preuves scientifiques du réchauffement climatique planétaire sont incontestables alors que l’intensification de l’activité humaine depuis l’entrée dans l’ère industrielle en est responsable, contrairement à ce que certains, comme Donald Trump et ses soutiens climato-sceptiques, voudraient bien nous faire croire. Il y a quelques jours, la NASA, l’agence spatiale américaine, publiait encore des chiffres alarmants sur une hausse moyenne des températures, inédite sur notre globe terrestre depuis le début des mesures météorologiques. Notre mode de vie contribue à ravager toujours plus la planète et son écosystème. Combien de temps encore allons nous continuer à rester passifs ?
Quatre années ont passé déjà depuis le tournage de « L’urgence de ralentir ». Alors que je filmais quelques unes de ces dizaines de milliers d’alternatives qui se multiplient aux quatre coins du monde pour (re)construire d’autres modes de vie, désirables et soutenables, jamais je n’aurais imaginé que ces initiatives concrètes locales puissent susciter un tel engouement chez un public particulièrement jeune et curieux. Depuis sa première diffusion sur Arte en 2014, le film a beaucoup tourné dans les festivals et surtout dans des projection-débats, en France, un peu partout en Europe et jusqu’au Québec, au Brésil ou en Inde.
Ce film que j’ai réalisé, co-écrit avec Noël Mamère, était loin d’être le seul à mettre en lumière ce nouveau monde en genèse. En 2015, « Demain » de Mélanie Laurent et Cyril Dion venait de sortir en salles, précédé par « En quête de sens » de Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière ou encore « Sacrée croissance » de Marie-Monique Robin. Chacun de ces films a pu contribuer avec une approche singulière à une large prise de conscience. Si depuis la fin de la COP21 la vague - médiatique - semble être retombée, c’est pour mieux resurgir, hors-champ cette fois, avec la multiplication de mouvements citoyens, d’Alternatiba aux Colibris, en passant par la mouvement de la Transition et tant d’autres encore. Ces mouvements populaires mobilisent des dizaines de milliers de personnes en France et bien au-delà. C’est une première bonne nouvelle, alors que les illusions d’une société du « plein emploi » appartiennent définitivement au passé.
Aujourd’hui l’écologie politique n’a plus son propre candidat à la Présidentielle, mais la volonté de changer radicalement de modèle de société s’incarne pour la première fois au cœur du programme de deux des onze candidats : celui de Jean-Luc Mélenchon et celui de Benoît Hamon, qui souhaitent tous deux, chacun à sa manière, faire basculer notre pays vers une transition à la fois sociale et écologique, avec pour la première fois une vision à long terme qui nous projette vers un avenir souhaitable, loin d’un court-termisme déprimant et paralysant. À quelques jours du vote, le candidat de la France insoumise semble le plus audible et capable de mobiliser largement, au point de pouvoir peut-être parvenir au second tour de l’élection. À nous maintenant d’y contribuer pour que le soir du 7 mai, le travail - notre travail - pour faire naître un monde plus juste et plus écologique, puisse enfin commencer.
Philippe Borrel
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