Chers collègues et amis,
C’est avec le cœur plein de tristesse et d’amertume que je vous écris ces quelques mots pour vous raconter le massacre humain qu’il y a eu dans mon pays. La Guinée est devenue un pays sans Etat.
Pour se maintenir au pouvoir, le Chef de la Junte en Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara a ordonné à sa garde rapprochée constituée de bérets rouges de tirer sur des manifestants pacifiques non armés au stade du 28 Septembre a Conakry, le plus grand stade du pays. J’y étais moi-même. Les forces de l’ordre, constituées d’hommes drogués sans foi ni loi, ont encerclé le stade et ont tiré à balles réelles sur plus de 50.000 personnes. Il y a eu près de 200 morts et 1.200 blessés (des enfants, des jeunes et des femmes pour l’essentiel).
La plupart des femmes présentes au stade ont été victimes de viols collectifs. Certaines femmes ont même reçu le fusil dans leur appareil génital. Les militaires ont ensuite jeté les corps dans des fosses sommaires et communes sous prétexte de les cacher aux organisations humanitaires (Croix Rouge, Médecins sans frontières, etc.). Les civils sont intimidés, violentés et poursuivis jusque dans leurs domiciles avant d’être tués. Le carnage continue encore car même ce matin plusieurs jeunes hostiles ont été envoyés a la boucherie par la junte militaire au pouvoir sous prétexte de sacrifices humains. Les leaders du forum des forces vives, que nous sommes, sommes obligés de rester cacher pour préserver nos vies.
Je vous prie de vous joindre au peuple de Guinée endeuillé et meurtri en diffusant largement ces nouvelles sur la Guinée pour éviter que nous nous retrouvions dans une guerre civile.
Que Dieu sauve la Guinée et nous sorte de cette mésaventure.
Aliou Barry
Acteur de la société civile et Président du parti NAFAN (Nouvelle alliance des Forces pour l’action nationale)
Conakry, Guinée, le 30 septembre 2009