© Julien Brygo / Collectif Item
Effrayés par ces trouble-fête armés de cotillons et d’assiettes dorées
ornées d’un pavé, de nombreux journalistes membres du Siècle, parmi
lesquels Emmanuel Chain, Michel Field, Arlette Chabot, David Pujadas et
Laurent Joffrin, ont préféré rester chez eux ou battre en retraite.
Étaient en revanche présents Jean-Pierre Elkabbach, Sylvie
Pierre-Brossolette et Alexandre Adler, qui pour rien au monde ne rateraient
l’occasion d’un repas copieux. Reste que, pour la première fois dans
l’histoire du Siècle, plusieurs membres éminents de la confrérie ont été
privés de dîner.
La police était pourtant venue en nombre pour les rassurer. Casquées,
harnachées et matraques au poing, les troupes anti-émeutes ont d’abord
dressé un cordon infranchissable autour des manifestants, selon la
technique dite de la « garde-à-vue à ciel ouvert » expérimentée récemment
place Bellecour à Lyon, et ont plongé cette partie de la place dans le
noir afin de pouvoir la « nettoyer » tranquillement, selon la technique
éprouvée du couvre-feu. Cette précaution a certes sauvé le gueuleton du
Siècle d’une annulation piteuse, toutefois elle n’a pas empêché les
convives – dont l’ancien numéro deux du Medef Denis Kessler,
l’ex-secrétaire générale de la CFDT Nicole Notat, la ministre Nathalie
Kosciusko-Morizet et le député UMP François d’Aubert – d’essuyer quelques
jets d’œufs, de farine et de serpentins.
La privatisation de l’espace public s’est ensuite logiquement conclue par
la mise en danger de certains manifestants, contraints de fuir le
harcèlement policier en courant au milieu de la circulation automobile,
puis par l’arrestation musclée d’une cinquantaine de pique-niqueurs, parmi
lesquels deux membres de notre collectif, Pierre Carles et Michel Fiszbin,
ainsi qu’un client allemand de l’hôtel Crillon qui passait par là.
Emmenés aux commissariats du 11e et du 20e arrondissements, nos
camarades ont eu droit à une fouille en règle avant d’être relâchés tard
dans la nuit.
Le Collectif Fini les Concessions – Branche armée de patience (CFC-BAP) se
félicite néanmoins du succès de ce rassemblement, qui n’en restera pas là.
Fidèle à sa devise : « Nous ne vous oublierons jamais ! », le CFC-BAP
appelle à renouveler l’opération tous les mois.
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