Génial et visionnaire... Steve Jobs, cofondateur et PDG d’Apple, a été salué, suite à sa démission le 24 août dernier, comme un maître incontestable du secteur des nouvelles technologies. Dans le sud-est asiatique, où l’on fabrique les produits phares de la firme, comme l’iPhone et l’iPad, qui ont fait le succès d’Apple et la fortune de Steve Jobs, les points de vue sur le personnage sont plus contrastés.
Les ouvriers de l’entreprise Wintek, sous-traitant chinois d’Apple, attendent depuis de nombreux mois une réponse à leurs revendications. Empoisonnés par un neurotoxique – le N-Hexane – avec lequel sont nettoyés les écrans des tablettes et smartphones, ils sont pour certains devenus incapables de travailler. « Steve Jobs a ignoré tous nos appels et fui ses responsabilités. Nous demandons au nouveau patron d’Apple (Tim Cook) de faire preuve de la responsabilité sociale due à son statut », interpelle Jia Jing-chuan, ancien salarié de l’usine, désormais forcé de rester chez lui. « Alors que nous contribuions tous les jours à augmenter les profits de cette entreprise, responsable de notre empoisonnement, Apple ne fait rien pour nous aider. Aujourd’hui, nous sommes devenus trop faibles pour travailler et devons payer de notre poche les dépenses nécessaires à nos soins. »
Suite à leur empoisonnement, certains ouvriers ont été hospitalisés durant plus de huit mois. Wintek a pris en charge leurs frais d’hospitalisation, qui s’élèvent à 20.000 Yuan (2.000 euros) par mois. Soit plus de 10 fois le salaire mensuel de ces ouvriers (entre 124 à 206 euros) ! La plupart des salariés empoisonnés ont quitté l’entreprise avec une indemnité de 80.000 Yuan (8.000 euros)... et l’engagement de ne pas se retourner contre leur employeur. Une vingtaine de salariés ont refusé l’arrangement proposé, craignant de devoir assumer seuls les coûts liés à une éventuelle nouvelle dégradation de leur état de santé.
En lien avec le collectif Ethique sur l’étiquette et Peuples Solidaires, ils exhortent le nouveau PDG d’Apple, dont tout le monde dit qu’il n’égalera jamais Steve Jobs, à être meilleur que lui en matière de conditions de travail des ouvriers qui fabriquent ses produits.