La fondation de Northrop Grumman, la 4e entreprise d’armement du monde [1], a signé un partenariat avec Conservation International (CI), une puissante ONG états-unienne de protection de l’environnement et de la biodiversité [2]. Ensemble, elles vont créer « une salle de classe écologique » (ECO-Classroom).
L’entreprise américaine, qui fabrique l’avion bombardier B2 – un avion utilisé par les forces armées américaines depuis la guerre du Kosovo, en 1999, jusqu’à celle de Libye, en 2011 (en photo) –, financera le voyage de 16 professeurs de collèges et de lycées américains, cet été, dans la station biologique de La Selva et dans le parc national du Braulio Carrillo, au Costa Rica, où CI mène des recherches scientifiques. De retour aux États-Unis, les professeurs susciteront ainsi des vocations auprès de leurs étudiants. Ces derniers s’engageront ensuite dans la science ou la technologie, afin de sauver la planète.
Voici le clip de promotion de l’ECO-Classroom :
« Nous attendons de ce programme qu’il aide à cultiver la prochaine génération de stewards de l’environnement », explique Sandy Andelman, vice-présidente de CI. Une petite goutte de sensibilisation qui suscitera peut-être quelques vocations ici ou là. Mais une belle opération de communication pour Northrop Grumman, qui a placé l’ECO-Classroom en première page de son site Internet.
Liaisons plus que dangereuses
Ce partenariat entre défenseurs de la biodiversité et industrie de l’armement est-il étonnant ? Pas vraiment. Wes Bush, le PDG de Northrop Grumman, est membre du conseil d’administration de CI. À l’instar des dirigeants de Wal Mart, Intel, Unilever, Starbucks, etc. L’ONG est d’ailleurs connue pour ses partenariats avec des entreprises peu exemplaires dans la protection de l’environnement. Interrogée par Basta! en juin 2011, Christine MacDonald, ancienne salariée de CI, décrit comment l’ONG et ses consœurs « ont perdu de vue leur mission dans la compétition qu’elles se mènent pour récolter des dons d’entreprises ».
À l’époque, CI venait d’être piégée par le magazine anglais Don’t Panic. Ses journalistes s’étaient fait passer pour des représentants de Lockheed Martin, une entreprise d’armement états-unienne (voir la vidéo). Un mauvais coup de pub pour CI. Qui ne l’empêche pas, un an plus tard, de passer un « véritable » partenariat, cette fois, avec un autre géant de l’armement.
Simon Gouin