Des anciens agents du KGB recyclés en militants anti-gaz de schiste ? C’est le secrétaire général de l’Otan qui l’affirme : « La Russie, dans le cadre de leur information de pointe et d’opérations de désinformation, est engagée activement avec les organisations dites non gouvernementales – qui œuvrent contre le gaz de schiste - pour maintenir la dépendance européenne au gaz russe importé », déclare le danois Anders Fogh Rasmussen lors d’une conférence à Londres, le 20 juin. « Les rangs des militants anti-gaz de schiste largement infiltrés par des agents russes », titre de son côté le site Atlantico, sans apporter, à l’instar du secrétaire général de l’Otan, le moindre élément factuel sur cette infiltration massive (lire ici). Dans Les Echos, un « expert » avance lui aussi « les possibilités d’un lobby russe ». Du Larzac à la Pologne, en passant par le Royaume-Uni, faut-il voir la main manipulatrice de Vladimir Poutine ou du géant russe de l’énergie Gazprom dès qu’une manifestation contre les gaz de schiste s’organise ?
Dans une lettre ouverte, environ 130 organisations et collectifs européens opposés à l’exploitation des hydrocarbures de schiste demandent au secrétaire général de l’Otan de s’expliquer : soit d’apporter « la preuve de ces accusations », sinon « de procéder à des excuses publiques pour cette fausse déclaration ». Les signataires de la lettre considèrent que ce type de propos « sape le débat public » et « porte atteinte à nos institutions démocratiques ».
De telles allégations ne sont pas nouvelles, mais aucune preuve n’a jamais été apportée pour les corroborer. Rappelant les conséquences environnementales et sanitaires de l’utilisation de la fracturation hydraulique, les organisations anti-gaz de schiste en appellent à « un débat sérieux et informé au sujet de la sécurité énergétique », jugeant qu’il est inexact d’affirmer qu’un usage massif de la fracturation hydraulique en Europe réduirait la dépendance de l’Europe à la fourniture de gaz russe, et entraînerait la baisse du prix du gaz à la consommation. Quant à l’infiltration des mouvements écologistes, ce sont plutôt les démocraties occidentales qui y ont recouru ces dernières années (lire notre enquête).