Intermarché serait-il plus écolo que les députés français ? Alors que le 17 mars, l’Assemblée nationale a rejeté une mesure d’interdiction de la pêche en eaux profondes lors du vote de la loi biodiversité, le groupement de supermarché vient de décider d’en finir avec le chalutage profond à l’horizon 2025.
Le pôle agroalimentaire de la chaîne de supermarchés (Agromousquetaires) a déjà stoppé la pêche à plus de 800 mètres de profondeur début 2015. Son nouveau projet prévoit d’abandonner progressivement le chalutage en eaux profondes, c’est-à-dire à partir de plus de 200 mètres de profondeur dans les prochaines années. Le groupe possède sa propre flotte de 22 navires de pêche, actifs dans cinq zones (au large de la Bretagne, au nord de l’Écosse, dans l’océan indien). Et peut donc décider de l’origine des poissons qu’ils vend dans ses supermarchés.
« Qu’un groupe industriel ait la volonté d’opérer une mutation aussi profonde et difficile est un signe extrêmement positif pour la pêche en général ainsi que pour tous les autres secteurs de production », a réagi l’association Bloom, qui se consacre à la défense des fonds marins et travaille avec le groupe agroalimentaire pour mettre en place ce plan de transition. Pour parvenir à son objectif d’abandon de la pêche en profondeur, le groupe de supermarchés va investir 50 millions d’euros. Il projette en contrepartie se consacrer au développement de la pêche côtière et artisanale, avec le but de conserver l’intégralité des emplois.
L’annonce d’Intermarché intervient alors que les débats se poursuivent sur la question au niveau européen. Si l’interdiction à terme du chalutage profond fait consensus à Bruxelles, les discussions européennes achoppent sur son champs d’application. Les eaux internationales devraient pour l’instant en être exclues… Le chalutage profond a pourtant les mêmes effets partout : la destruction des écosystèmes marins.