Que s’est-il passé, au Testet, sur le chantier du barrage de Sivens (Tarn), dans la nuit de samedi à dimanche ? Un manifestant de 21 ans, Rémi Fraisse, est décédé lors d’affrontements avec les forces de l’ordre, sur le site de ce projet controversé. Les circonstances ne sont pas encore établies. Le samedi, entre 2000 et 5000 personnes s’étaient rassemblées dans la forêt de Sivens, pour fêter le premier anniversaire de l’occupation de ce site voué à se transformer en un barrage dédié à l’irrigation. Conférences débats, ateliers de clowns, apparitions de politiques venus soutenir la lutte (José Bové, Jean-Luc Mélenchon ou Pierre Larrouturou) : l’ambiance est d’abord festive et familiale à côté de la zone déboisée début septembre.
En fin d’après-midi, à l’autre bout du site, là où le terrassement a été entrepris pour y construire le barrage, débutent des affrontements avec les forces de l’ordre, arrivées massivement quelques minutes plus tôt. Des opposants vêtus de noir lancent des projectiles sur les gendarmes mobiles, qui répondent par des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes. Alors que des blessés sont évacués, un groupe d’opposants déguisés en arbres entreprend une action non-violente afin de tenter de désamorcer le conflit. La tension semble alors baisser d’un cran. Mais les affrontements reprennent dans la nuit, au cours de laquelle l’étudiant toulousain perdra la vie.
Une enquête a été ouverte par le procureur d’Albi afin de déterminer les causes du décès. Le rapport d’autopsie devrait être révélé lundi après-midi. Les témoignages recueillis par le journal Reporterre pointent du doigt les grenades dites de « désencerclement » et les flashballs utilisés par les gendarmes mobiles lors d’une violente opposition avec des dizaines d’opposants.
Dimanche, les travaux de construction du barrage de Sivens ont été suspendus, pour une durée non précisée. Ce lundi, un nouveau rapport d’expertise commandé par la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, a été dévoilé. Il dénonce notamment la surestimation des besoins en irrigation et la faiblesse de l’étude environnementale. Des arguments développés depuis des mois par les opposants à la construction du barrage. Mais le rapport préconise malgré tout de poursuivre le projet, « compte tenu de l’état d’avancement des travaux et des engagements locaux et régionaux pris avec la profession agricole ». Quitte à en réorienter les usages.
Texte et photos : Simon Gouin
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