C’est la plus grosse manifestation à Berlin depuis des années. Samedi 10 octobre, la police de la capitale allemande a compté 150 000 manifestants dans les rues de la ville. Ils défilaient contre les traités de libre-échange Tafta, entre l’Europe est les États-Unis, et Ceta, avec le Canada (voir notre dossier sur ces sujets). Selon les organisateurs, la manifestation a réuni 250 000 personnes. Elles demandaient l’arrêt des négociations sur le Tafta et la suspension du Ceta.
Voilà qui donne un nouveau souffle à une mobilisation déjà dynamique outre-Rhin. Mardi 6 octobre, l’initiative citoyenne européenne anti-Tafta annonçait avoir réuni 3,2 millions de signatures de citoyens européens contre le traité. Près de la moitié (1,57 million) viennent d’Allemagne.
Le front anti-Tafta allemand est large. 170 organisations avaient appelé à la manifestation de samedi. Aux côtés d’associations environnementales s’y trouvaient des associations d’aides sociales et toutes les grandes fédérations syndicales allemandes. La mobilisation citoyenne est soutenue par le parti de gauche Die Linke et par les Verts allemands. Mais elle n’a pas encore totalement fait pencher le gouvernement.
En amont de la manifestation de samedi, le ministre social-démocrate de l’Économie Sigmar Gabriel avait adressé une lettre à la population pour défendre la poursuite des négociations sur le Traité. Tout en assurant qu’il n’y aurait pas de baisses des standards environnementaux et sociaux en Europe et en Allemagne, pas de contraintes à la privatisation, pas de tribunaux arbitraux privés et que les parlements nationaux et le Parlement européen auront le dernier mot. « C’est seulement à ces conditions que le Tafta a du sens », y défendait le ministre. Des réserves dont ne s’embarrasse pas le groupement des patrons de l’industrie allemande BDI, qui fait campagne pour le Tafta.