Amina, Sami et Jennyfer, lycéens, mènent une enquête avec leur classe de première sur le projet Europacity. Peu à peu, ils reposent la question de l’aménagement des territoires. Voilà la trame du film documentaire « Douce France », réalisé par Geoffrey Couanon. Sans attendre sa sortie en salles, dépendante des décisions du gouvernement sur la réouverture des cinémas, une mobilisation s’organise dès à présent en ligne « pour réfléchir à des solutions pour le monde d’après en sortant des milieux convaincus ».
« A-t-on le pouvoir d’agir sur son territoire quand on a 17 ans ? »
Le projet Europacity prévoyait la construction d’un complexe de loisirs et d’un centre commercial à Gonesse, sur des terres agricoles. Il a été abandonné en 2019. La lutte contre la bétonisation continue sur place : un projet de gare pour la future ligne 17 du métro du Grand-Paris est toujours d’actualité. Le Collectif pour Le Triangle de Gonesse bataille depuis dix ans pour garder les terres fertiles de ce territoire. Une zone a défendre a été érigée pendant plus de quinze jours, en février 2021, contre la construction de la gare en plein champs. Le film, lui, a été tourné en 2017.
« A-t-on le pouvoir d’agir sur son territoire quand on a 17 ans ? » C’est la question qui est posée par les trois lycéens. Leur rapport à la politique, au militantisme, à l’agriculture évolue en une année. Ils vont interroger les habitants, étudier le projet d’Europacity, débattre, rencontrer les opposants mais aussi les porteurs du projet. « Ils ont évolué au prisme des rencontres. Leur enquête c’est aussi une quête pour eux. Il y a bien sûr une part de projet scolaire mais c’est bien plus que ça. C’est non seulement une enquête sur Europacity mais aussi sur le sens du travail, la perception de l’avenir », explique Geoffrey Couanon, le réalisateur.
Pour Geoffrey Couanon, l’enjeu du film est avant tout de créer du débat. « Avec ce documentaire, nous voulons poser la question de comment on fait les territoires aujourd’hui, avec les gens qui les habitent, dans la concertation. Le film est ici un outil d’animation du débat, par les jeunes dans le film, en allant voir des agriculteurs, des habitants, des commerçants…. Et au cours des rencontres autour des visionnages. » Faire se rencontrer des habitants de divers horizons et tisser du lien entre la campagne, les banlieues, les villes… Voilà toute l’ambition du film. Pour le réalisateur, c’est aussi un bon outil pour les collectivités locales : « Elles s’en rendent compte, à la veille des élections régionales. Elles s’en servent notamment pour repenser les documents d’urbanisme. »
Plus qu’un film, un véritable outil de débat
Dans le cadre de la semaine de l’agriculture paysanne, organisée par la confédération paysanne, un ciné-débat se tiendra en ligne le dimanche 14 mars à 19h. Des premiers extraits seront dévoilés suivis d’une table ronde, qui vise à réunir des étudiants provenant de parcours et de régions variés. Le but ? « Qu’ils puissent réfléchir ensemble au monde d’après, réinventer leurs futurs métiers et repenser leur impact sur les territoires ». Parmi les invités, il y aura Chaima Kouraichi, étudiante en architecture à Lyon et bénévole à Vrac Université, une association qui distribue des paniers aux étudiants en situation de précarité ; Lauren Lolo, étudiante en sciences politique à Nanterre, engagée dans l’association la Cité des chances pour redonner le goût de l’engagement aux jeunes de banlieue ; et Guillaume Robert, étudiant membre de la Convention citoyenne pour le climat.
Pour permettre à chacun de poser la question de l’aménagement du territoire et de l’économie locale, le site du documentaire met à disposition un kit d’animation pédagogique avec plusieurs courts extraits du film. Il s’accompagne de propositions d’animation, en physique ou en ligne, qui peuvent être utilisées autant dans les lycées, les universités, que dans les associations de quartiers, les collectivités, ou les entreprises. Pour s’inscrire à la prochaine réunion régionale, il suffit d’envoyer un mail à diffusion@doucefrance-lefilm.fr. Lycéens, étudiants, enseignants, chercheurs, élus, collectivités... « Chacun et chacune peut donner un petit coup de pouce à sa manière », souligne Geoffrey Couanon.
Noan Ecerly, avec Lola Keraron
– Plus d’informations sur https://doucefrance-lefilm.fr/
– Pour participer à la rencontre du 14 mars : l’événement facebook, le flyer à télécharger et le formulaire d’inscription à remplir
Photo de Une : © Elzévir Films - De Deux Choses Lune