« Agriculteur depuis l’âge de 16 ans, mon travail a évolué avec le développement et l’intensification des produits phytosanitaires. Cette chimie à laquelle j’avais tant cru, a fait basculer ma vie le 27 avril 2004. J’ai subi une intoxication aigüe en manipulant du Lasso, herbicide fabriqué par la firme Monsanto.
Depuis ce jour, je lutte contre les méfaits du pesticide sur ma santé et pour que soient reconnus mes droits en tant que victime des pesticides, ainsi que la responsabilité de Monsanto. En 2005, j’engage une procédure contre la Mutualité Sociale Agricole, afin d’obtenir une reconnaissance en maladie professionnelle. Cette démarche durera 5 ans, pour aboutir à une décision définitive prononcée par la Cour d’Appel de Bordeaux en janvier 2010.
C’est au cours de cette bataille que je décide, en 2007, de porter plainte contre la société Monsanto pour insuffisance d’information au niveau de l’étiquetage concernant la dangerosité de l’herbicide. Cette décision s’effectue malgré les avertissements de mes proches, de mon avocat concernant les risques d’un tel combat : durée dans le temps, coûts financiers, pressions morales, épuisement… « Tu n’es qu’un pot de terre contre un pot de fer » me murmure-t-on régulièrement.
– Lire notre portrait : Sortir des pesticides : Paul François, l’insoumis à Monsanto
C’est un fait, plus de 10 ans après le début de ce combat harassant, et malgré la condamnation en février 2012 de la société Monsanto en première instance, je reconnais avec amertume avoir sous-estimé la violence psychologique et financière de celui-ci.
Aujourd’hui, alors que la Cour de Cassation me renvoie pour la deuxième fois devant la Cour d’Appel, je m’interroge sur la poursuite de la bataille.
L’image victorieuse véhiculée par les médias n’empêche pas la procédure de continuer et, à ce jour, malgré plusieurs dizaines de milliers d’euros engagés, je n’ai perçu aucune indemnité de la société Monsanto en dépit d’une décision exécutoire du tribunal.
Après de nombreuses hésitations, à bout de souffle, je me tourne vers vous aujourd’hui pour m’aider à continuer, afin que ces années de combat ne soient pas vaines pour moi, mais surtout pour les milliers de victimes en France et dans le monde qui pourront se servir des jurisprudences, si mon procès aboutit favorablement. Ainsi, une victoire démontrera que les grandes multinationales ne sont pas toujours intouchables, que les lanceurs d’alerte ont leur place dans la société,
Et que « le pot de terre peut vaincre le pot de fer » ! »
Paul François
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– A découvrir : « Les sentinelles », un documentaire pour en finir avec les empoisonnements industriels en salles depuis le 8 novembre 2017.
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