Face aux pesticides

Une marche mondiale contre Bayer-Monsanto pour exiger justice envers les victimes de l’agro industrie

Face aux pesticides

par Collectif, Lola Keraron

La marche internationale contre Monsanto-Bayer est une action internationale qui a lieu chaque année pour défendre de nouveaux modèles agricoles. Une soixantaine d’organisations appellent à se mobiliser pour sa neuvième édition le 15 mai.

Comme chaque année depuis 2013, des dizaines d’organisations de la société civile, paysannes et citoyennes indignées par l’agrochimie feront entendre leur voix pour exiger la fin de ce système dont nous sommes toustes victimes à différentes échelles. Nous réclamerons un changement radical pour une agriculture respectueuse des sols, des ressources en eau, de la biodiversité, et de notre santé !

Cette année, la marche aura une importance toute particulière avec une actualité rythmée par les recours en justice. Il s’agira de réclamer justice et réparations pour les nombreuses victimes des multinationales agrochimiques :

En 2020, Dewayne Johnson (États-Unis), et Paul François (France), intoxiqués par des produits de Monsanto, ont définitivement fait condamner la firme après des années de bataille judiciaire. Aux États-Unis, plus de 130 000 victimes des pesticides de Monsanto ont porté plainte contre la multinationale de l’agrochimie. Cette dernière a réussi à négocier un accord global d’indemnisation à hauteur de 10 milliards de dollars avec 100 000 de ces victimes, échappant ainsi à de multiples condamnations en justice qui lui auraient coûté des dizaines de milliards de dollars. Pourtant, Monsanto-Bayer ne reste pas moins responsable de la toxicité extrême de ses produits.

Cette année, des procès historiques incarnent ce combat contre les multinationales agrochimiques et leurs poisons - qu’ils aient été utilisés comme armes chimiques ou comme pesticides.

  • Tran to Nga, une victime franco-vietnamienne des épandages d’agent orange pendant la guerre du Vietnam, mène une lutte juridique contre 14 firmes ayant produit l’herbicide. Pour elle mais aussi pour les 3 millions de Vietnamiennes encore victimes aujourd’hui. Le jugement sera rendu ce 10 mai.
  • Le scandale du chlordécone sera également central puisqu’une plainte a été déposée contre cinq anciens ministres français en raison de leur inaction et du renouvellement des autorisations de ce pesticide organochloré en Martinique et en Guadeloupe, alors qu’il avait déjà été interdit en métropole.
  • Plus généralement, nous nous mobiliserons pour une justice environnementale associée à la dénonciation des injustices et inégalités sociales, raciales, (néo)coloniales, et de genre, face aux géants de l’agro-industrie et aux politiques qui permettent leur essor.

Face à l’utilisation toujours plus massive de produits nocifs pour les écosystèmes et la santé humaine, il n’est pas étonnant que des produits toxiques - arsenic, métaux lourds, etc. - ont récemment été retrouvés dans de nombreuses formulations de pesticides pourtant autorisés à la vente. Cela éclaire par ailleurs les défaillances du contrôle des agences sanitaires et l’échec de la gestion des contaminants par l’évaluation des risques.

Rappelons que ce sont aussi l’État et les pouvoirs publics français qui permettent la poursuite de ce système agrochimique mortifère en n’interdisant pas le glyphosate ou en ré-autorisant les néonicotinoïdes par exemple. Les politiques mises en œuvre participent à la perpétuation de ce monde toxique que nous dénonçons. La mobilisation de toutes est donc d’ores et déjà décisive pour, entre autres, obtenir un changement profond de la Politique Agricole Commune et de sa déclinaison nationale, et pour contraindre le Gouvernement à réglementer les nouveaux OGM - comme l’a déjà exigé la Cour de justice de l’Union européenne en 2018.

Mais la mobilisation citoyenne est aussi nécessaire pour lutter contre les inégalités Nord/Sud qui fondent ce système agroalimentaire et pour notre souveraineté alimentaire partout dans le monde. En Inde par exemple, nous assistons depuis plusieurs mois à une véritable révolte menée par des paysannes et agriculteurtrices contre la poursuite des politiques de libéralisation de l’agriculture qui fragilisent l’agriculture vivrière, incitent la redirection de la production vers l’exportation et ainsi entraînent la nécessité d’une industrialisation massive du système agricole (monocultures, grandes exploitations plutôt que des exploitations familiales, usage des engrais et pesticides de synthèse, etc.) - déjà amorcée depuis la “révolution verte” au bilan plus que mitigé.

Ainsi, les pratiques et poisons des firmes agro-industrielles, et les politiques actuelles qui les rendent possibles, nous condamnent collectivement : notre santé est menacée notamment par une alimentation contaminée par des résidus dangereux , la sécurité alimentaire de nombreux pays est bafouée, les populations sont exposées à des produits nocifs, et nos terres polluées pour des générations.

Citoyennes et organisations, plus que jamais déterminées à promouvoir un autre modèle agricole et alimentaire, plus écologique et respectueux du vivant et plus juste socialement pour les paysannes et le reste de la population : soyons nombreuxses dans la rue ce samedi 15 mai 2021 ! Maintenons la pression sur les acteurs qui empoisonnent notre futur ! Appelons à la Marche contre Monsanto-Bayer et l’agrochimie !

Plus d’informations
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