La transformation de l’entreprise publique en société anonyme n’est même pas encore votée que les dirigeants de La Poste, pressés de faire leur entrée dans l’oligarchie top managériale, se précipitent déjà sur le catalogue de leurs avantages en nature. La priorité n’est pas encore aux stock-options, aux jetons de présence ou aux parachutes dorés mais – représentation virile du pouvoir oblige - à la voiture ! Selon la confidentielle Lettre de L’Expansion, citée par le site Marianne2, une trentaine de hauts dirigeants de La Poste ont fait l’acquisition, comme voiture de fonction, d’un parc de BMW pour 900.000 euros. Soit 30.000 euros par véhicule, deux fois le salaire annuel moyen d’un postier « de base » en CDI (1.400 euros nets mensuels en moyenne).
La nouvelle provoque un certain émoi chez les 270.000 salariés du groupe postal, confrontés à l’incertitude de leur statut, à des plans d’optimisation et de réductions des coûts. En trois ans, de 2006 à 2008, 17 800 postes ont été supprimés, selon le bilan social de l’entreprise publique.
Du côté de la direction, on précise que seule une poignée de hauts dirigeants ont choisi la berline allemande, sous prétexte qu’elle émettrait – sans rires - moins de CO2 que ses homologues françaises. « BMW est une entreprise européenne », écrit Patrick Widloecher, conseiller « développement durable » du PDG Jean-Claude Bailly, répondant à ceux qui reprochent à La Poste de ne pas acheter « français ». « De toutes les façons, le siège social des marques automobiles ne veut plus rien dire. Des Renault vendues en France sont fabriquées en Roumanie ou en République Tchèque, voire au-delà des frontières de l’Europe », explique-t-il, oubliant que le Mur de Berlin est tombé il y a vingt ans et que nos voisins de l’Est ont depuis intégré l’Union européenne.
« Dans ma benz benz benz », le tube de NTM passera-t-il bientôt en boucle dans tous les bureaux de poste ?