« Oui, je veux sauver le monde » affirme Stanley Hirsch, directeur général de la société israélienne de biotechnologie FuturaGene. Son idée ? Remplacer les énergies fossiles par des carburants et granulés issus d’eucalyptus génétiquement modifiés. Une technique qui répondrait aux exigences de l’Onu en matière « d’économie verte ». Menées depuis une dizaine d’années, notamment dans des parcelles en Israël, en Chine et au Brésil, les recherches de FuturaGene ont abouti à la création d’une espèce d’eucalyptus à croissance très rapide. Les arbres modifiés pousseraient 40% plus vite que leurs collègues, et arriveraient donc à maturité au bout de 5 ans et demi, contre 7 au rythme naturel.
Stanley Hirsch entame à présent des démarches auprès des autorités brésiliennes pour pouvoir lancer l’exploitation commerciale de son nouveau produit. Il doit fournir un rapport sur la sécurité sanitaire des plantations d’arbres miraculeux. Lesquelles ne sont pas anodines. Pour Anne Peterman, directrice de Global Justice Ecology Project, « les conséquences des grandes cultures d’eucalyptus sont déjà dramatiques et réellement dangereuses : désertification des sols, augmentation de la menace d’incendie et perte de biodiversité ». L’introduction de modification génétique apporte de nouveaux risques, de contamination notamment. La longue durée de vie des arbres, le fait que leur pollen se propage sur des centaines de kilomètres, les nombreux échanges avec des micro-organismes du sol via leur système racinaire très étendu, sont autant de risques avancés par les opposants au projet de FuturaGena.
Les arbres transgéniques à croissance rapide demandent en plus des quantités d’eau très importantes. Et ils consomment très rapidement les nutriments du sol, ce qui impliquerait l’apport de nombreux fertilisants chimiques. « Le Brésil et les États-Unis font reculer les forêts originelles, les prairies et les champs et il est question de planter des eucalyptus sur 20 à 40 % du territoire brésilien » avertit Anne Peterman. « Le gouvernement a même proposé un programme de reforestation de l’Amazonie à l’aide de plantations d’eucalyptus. » Le géant brésilien Suzano, à qui appartient FuturaGene, va-t-il peser dans la balance des négociations ? Propriétaire de 500 000 hectares de forêts d’eucalyptus au Brésil, cette entreprise est l’un des principaux acteurs internationaux de la production de produits forestiers à vocation énergétique, exportés vers l’Europe notamment.