Deux « faucheurs volontaires », opposés aux OGM et aux pesticides, comparaissent ce vendredi 30 septembre à 10h au tribunal de grande instance de Privas en Ardèche. Deux magasins, Bricomarché et Gamm Vert, ont déposé plainte à leur encontre pour « dégradation de biens en réunion », suite à une action du 19 mars 2016. Ce jour-là, les faucheurs volontaires organisent une action nationale contre les pesticides. Elle vise en particulier le glyphosate, produit phare de la multinationale Monsanto qui entre dans la composition de près de 750 produits dont l’herbicide RoundUp. En mars 2015, le glyphosate a été classé « cancérogène probable » pour les humains, par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), chargée d’inventorier et de classer les agents cancérogènes. Un avis contesté par l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Objectif de l’action : « Alerter la société sur le problème majeur de santé publique que cause l’utilisation des herbicides et en particulier du glyphosate ». Ce 19 mars, des dizaines de faucheurs volontaires s’introduisent dans 34 magasins en France proposant ces produits herbicides. Ils s’emparent des bidons à base de glyphosate en vente dans les linéaires, les disposent au sol sur une bâche, avant de les « neutraliser pacifiquement » avec une bombe de peinture afin de les rendre impropres à la vente.
Interdiction totale de la vente dans les jardineries repoussée à 2019
Le glyphosate a frôlé le non-renouvellement de son homologation mais a finalement obtenu le 29 juin 2016 un sursis de dix-huit mois, accordé par la Commission européenne. Une décision qui marque pour les faucheurs volontaires « la soumission des pouvoirs publics aux lobbies agro-alimentaires et donc leur irresponsabilité face au problème des pesticides et des OGM ». Et de rappeler que « ces produits sont liés aux OGM car la majorité de ceux-ci sont développés uniquement pour être tolérants aux herbicides. »
Les deux Ardéchois poursuivis encourent une amende de 75 000 euros et cinq ans de prison. Les faucheurs entendent porter leur revendication en justice : « Le glyphosate doit être retiré de la vente, avec effet immédiat pour la vente aux particuliers, qui en consomment 2000 tonnes chaque année. Arrêtons l’empoisonnement ! » Il y a un an, Ségolène Royal avait annoncé en grandes pompes l’interdiction à partir du 1er janvier 2016 de la vente en libre-service aux particuliers des produits désherbants contenant du glyphosate, dont le fameux Roundup (voir ici). L’interdiction totale dans les jardineries a depuis été repoussée en 2019 [1]. Quant à l’interdiction de l’utilisation de glyphosate par les agriculteurs, aucune date à ce jour n’a été fixé.