Des lapins malades, gavés d’antibiotiques, alignés sur des centaines de mètres, entassés dans des cages jonchées de cadavres et entourées de déjections animales. Ces images choc apparaissent dans une vidéo tournée par le CIWF (Compassion in World Farming), une ONG créée par des éleveurs qui encourage les pratiques d’élevage respectueuses du bien-être des animaux de ferme. CIWF a mené l’enquête dans seize élevages de lapins en batterie répartis dans cinq pays de l’Est et du Sud de l’Union européenne [1]. 322 millions de lapins sont élevés en cage sur le territoire européen, dont 37 millions en France.
« La production cunicole [l’élevage de lapins] fait très peu parler d’elle, alors que les lapins sont le deuxième animal le plus élevé pour sa viande en Europe. Ils sont à 99 % élevés en cage », précise Aurélia Greff, responsable communication et campagne chez CIWF. D’après cette ONG, il est « fort probable que [les conditions d’élevage] soient les mêmes pour tous les lapins élevés en cage à travers l’UE ». Un élevage industriel que soutient financièrement Bruxelles. « Nous finançons ainsi, sans le savoir, un système qui porte atteinte au bien-être des lapins d’élevage ».
Il n’existe encore aucune législation en matière de bien-être des lapins. Le CIWF plaide, aux côtés de la Ligue de protection des oiseaux, pour l’interdiction de toutes les cages en élevage et lance une pétition européenne. Le CIWF rappelle que les cages conventionnelles sont d’ores et déjà interdites en Autriche et le seront aux Pays-Bas à partir de 2016. En Belgique, sous la pression de l’opinion publique, les cages sont interdites pour tout nouvel élevage depuis le 1er janvier 2013 [2]. Le CIWF s’appuie sur l’exemple de l’Allemagne qui développe l’élevage en parcs. Un moyen, indique l’ONG, de donner aux animaux d’élevage la « possibilité d’exprimer leurs comportements naturels ».
Pour aller plus loin, notre entretien sur le bien-être animal avec la sociologue Jocelyne Porcher