Coopératives

En Mayenne, des salariés sauvent leur entreprise de la faillite

Coopératives

par Nolwenn Weiler

Menacée de liquidation, l’entreprise mayennaise Arféo-buroform, spécialisée dans la fabrication de mobilier de bureau, vient d’être sauvée par ses salariés, qui ont créé une société coopérative et participative (scop). « Nous avons les clés depuis une semaine », se réjouit l’un des membres – CFDT – du comité d’entreprise. Suggéré par l’un des cadres dirigeants, le projet de reprise en coopérative a emporté l’adhésion de l’ensemble du personnel. « Pour sauver nos emplois, nous n’avions pas vraiment le choix, éclaire l’un des salariés, présent dans l’entreprise depuis 36 ans. Les soutiens politiques sont venus assez vite, cela a aidé à convaincre tout le monde. » 211 emplois sur 304 sont effectivement sauvés.

Le tribunal de commerce de Poitiers a validé le projet de reprise le 18 janvier. Il a jugé que le volet financier tenait la route. Les 2,2 millions d’euros nécessaires à la reprise sont réunis grâce à la mobilisation des salariés et au soutien des collectivités territoriales : plus d’un million d’euros au total, répartis entre les conseils régionaux des Pays-de-la-Loire et de Poitou-Charentes, et le conseil général de Mayenne. Philippe Henry, maire de Château-Gontier, où se trouve le siège de l’entreprise, s’est aussi mobilisé pour soutenir le projet. Le gouvernement a quant à lui apporté 450 000 € d’avance remboursable pour « l’aide à l’industrialisation ». Les fonds de la confédération générale des scop et les prêts bancaires ont permis de boucler le budget.

Pour Philippe Henry, « les difficultés d’Arféo-Faroé ont commencé avec le rachat par un fonds d’investissement devenu propriétaire. Il n’y avait ni vision stratégique, ni vision industrielle ». Un point de vue partagé par les salariés, qui déplorent le manque d’investissement dans l’outil de travail ces dix dernières années. « On a vu passer cinq directeur commerciaux en quelques années. A chaque fois, la stratégie changeait. Résultat : on n’avançait à rien ! », rapporte un salarié, qui se réjouit désormais que « les suggestions des gars de la production seront prises en compte ».