Le budget 2022 marque la transition entre la période de crise sanitaire, où le gouvernement a choisi la stratégie du « quoi qu’il en coûte » et le « retour à la normale » qui devrait s’enclencher en 2023.
Ainsi peut-on mieux cerner le néo-libéralisme : contrairement à un authentique libéralisme, il plaide pour que l’État intervienne pour soutenir les entreprises, leur garantir un taux de marge satisfaisant. En situation de dépression, deux stratégies sont possibles : soit comme en 2010-2013, laisser la dépression s’installer, en espérant qu’elle permette de faire disparaître les entreprises peu productives et qu’elle renforce le rapport de force favorable au patronat, soit comme en 2020-2022, recourir massivement à l’intervention publique, un keynésianisme dénaturé, au service du marché, passant essentiellement par des aides aux entreprises. Ainsi, l’État instaure une « sécurité sociale » du patronat et des actionnaires. Dans des pays démocratiques où la population est attachée à l’État social, le gouvernement ne peut attaquer celui-ci de front, de sorte que les réformes restrictives (retraites, chômage, santé) doivent n’être prises que progressivement et cohabitent avec quelques avancées réelles (Ségur de la Santé, dépendance). Ce sera particulièrement le cas en 2022, année électorale.
Une présentation des mesures phares du budget 2022
Au total, les gouvernements Macron auront réduit les recettes publiques de plus de 50 milliards par an (au bénéfice surtout des plus riches et des entreprises), faisant apparaître des déficits dont ils peuvent prendre prétexte pour réduire les dépenses sociales ; les baisses des impôts des entreprises se poursuivent sans contrepartie alors qu’il faudrait organiser et financer la transition écologique. En 2023 risque d’éclater la contradiction entre cette politique et les contraintes des Traités européens, qui pourraient jouer de nouveau.
La conférence présentera les mesures phares du budget 2022, replacées dans l’ensemble du quinquennat : baisse des impôts des entreprises et des plus riches ; tentatives, souvent mises en échec, de réduction des dépenses publiques et des dépenses sociales (chômage, retraite, santé...) ; transition écologique affichée, mais pas enclenchée avec l’ampleur nécessaire ; projet de réforme peu ambitieuse des règles budgétaires européennes.
– Cette conférence sera animé par David Cayla, membre des Économistes atterrés. Trois autres membres y participeront, Sylvain Billot, Anaïs Henneguelle et Henri Sterdyniak. Elle aura lieu le samedi 16 octobre de 14 h 30 à 16 h 30 dans l’amphithéâtre Richelieu de l’Université Paris-Sorbonne situé au 17 rue de la Sorbonne dans le 5e arrondissement de Paris.
– Elle sera suivie d’une discussion ouverte de 16 h 30 à 17 h 30 sur le thème : « Les avatars du néo-libéralisme en 2022 : vers un capitalisme technologique vert, quelles alternatives ? » Une introduction à cette discussion sera faite par David Cayla.
Pour y assister, il faut obligatoirement se préinscrire ici.
Communiqué des Économistes atterrés
Photo : ministère de l’Économie et des Finances / CC Fred Romero