Droit d’asile...

L’Union européenne envisage d’expulser des dizaines de milliers de réfugiés afghans

Droit d’asile...

par Rachel Knaebel

Un premier accord est entré en vigueur en mars qui permet de renvoyer directement vers la Turquie les Syriens présents en Europe. Le « processus de Khartoum », du nom de la capitale du Soudan, a été lancé pour inciter les réfugiés à demeurer dans des pays comme la Libye, le Soudan ou l’Érythrée – bref, des dictatures ou des pays en guerre. Voilà que l’Union européenne prépare un accord avec l’Afghanistan pour y faciliter le renvoi de dizaines de milliers d’Afghans qui se trouvent sur son sol. C’est ce que vient de révéler l’ONG britannique Statewatch, à partir d’un mémo de la Commission européenne.

D’après ce document, qui vise à « améliorer la coopération avec l’Afghanistan sur la migration, la mobilité et les réadmissions », l’Union européenne souhaite, en marge d’une conférence internationale d’aide à l’Afghanistan qui a lieu les 4 et 5 octobre, lancer un accord qui aiderait au renvoi, volontaire ou forcé, de quelque 80 000 Afghans dans leur pays d’origine. Et ce même si le document reconnaît noir sur blanc que la « situation sécuritaire se détériore avec des records d’attaques terroristes et de victimes civiles, plus de 11 000 en 2015, associée à une situation économique qui se détériore aussi ». Les talibans sont d’ailleurs repassés à l’offensive dans le nord du pays. Le mémo ajoute même que « du fait de la détérioration de la situation en Afghanistan, et de la pression sur les Afghans présents au Pakistan et en Iran, il y a un risque élevé de futurs flux migratoires vers l’Europe ». Auxquels l’Europe compte donc, semble-t-il, répondre en… facilitant l’expulsion des réfugiés afghans.

Les Afghans représentent actuellement le deuxième groupe de demandeurs d’asile en Europe, après les Syriens. A Calais aussi, les Afghans sont parmi les plus nombreux [1]. En Allemagne, 100 000 Afghans ont déposé une demande d’asile depuis début 2016 [2]. Seulement quelques milliers d’entre eux ont été reconnus comme réfugiés pour l’instant. Le gouvernement allemand envisage même depuis plusieurs mois de faire passer l’Afghanistan sur sa liste des pays dits "sûrs", ce qui faciliterait les expulsions.

Les nouvelles venant d’Afghanistan sont pourtant bien loin de celles d’un pays en paix. Dans la nuit de dimanche à lundi encore, « des combattants talibans ont lancé une offensive coordonnée sur Kunduz, l’attaquant en quatre points avant d’y pénétrer », relate Le Monde. Le ministère français des Affaires étrangères déconseille encore tout déplacement en Afghanistan où « la situation de sécurité demeure très dégradée, fragile et instable » et où « les combats revêtent toujours une forte intensité, particulièrement dans le Sud, le Sud-Est, le Centre et l’Est ».

Notes

[1Voir ce post de Passeurs d’hospitalité.

[2Source.