Le sommet de Copenhague débutera le 7 décembre. Les Etats du monde entier doivent y discuter des suites à donner au protocole de Kyoto pour freiner le réchauffement climatique et diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Depuis des mois les négociateurs préparent ce rendez-vous crucial, lors de réunions à Bonn à août, Bangkok en octobre... La prochaine et dernière session aura lieu à Barcelone en novembre. Le projet de traité compte aujourd’hui 200 pages mais n’est pas encore finalisé, à cause, notamment, du blocage des Etats-Unis qui refusent toute contrainte juridique.
Problème : pour être soumis dans les délais officiels à l’assemblée générale de l’ONU, le texte aurait dû être bouclé six mois avant l’ouverture du Sommet. Ce qui n’est pas le cas... « A Bangkok, sur toute une série de sujets liés à la mise en œuvre d’un traité, comme la question de la forêt ou les actions des pays en développement, nous avons avancé. Mais nous sommes complètement plantés sur la nature juridique du texte », confie Pierre Radanne. A quoi va alors servir Copenhague ? « Le scénario actuel, c’est une déclaration des chefs d’Etat, qui seront présents lors de la dernière journée du sommet. Ce sera une proclamation politique, soumise à l’Assemblée des Nations Unies, à partir de laquelle les négociateurs reprendront le travail pendant l’année 2010, pour donner une force juridique à ce texte ». La capitale danoise ne devrait donc pas laisser son nom au traité. Au rythme où vont les choses, ce sera plutôt au sommet de Mexico, fin 2010, qu’un nouvel accord verra le jour. Avec un an de retard... Explications, avec Pierre Radanne, ancien dirigeant de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et actuellement président de l’association 4D (Dossiers et débats pour le développement durable).
Que peut-on attendre des Etats-Unis ? Peut-on encore espérer un revirement et la signature d’un accord juridique à Copenhague ?
Quel est l’état d’esprit actuel des Pays du Sud ? Que défendent-ils ?
« Les pays en développement font bloc sur une position extrêmement dure contre les pays industrialisés, car il n’y a pas d’argent qui est mis sur la table, il n’y a pas de structure juridique de traité qui soit arrêtée, et aucun des pays industrialisés, à l’exception de l’Union européenne, n’a rempli ses obligations ».
En tant que négociateur, que souhaitez-vous défendre à Copenhague ? Quels sont les éléments sur lesquels il ne faut pas lâcher pour espérer une issue positive au processus de négociation ?
« Le point principal, c’est un cadre juridique : on ne peut pas abandonner le protocole de Kyoto pour rien. Cela représenterait une telle prime pour les pays qui ne font rien, qu’à ce moment-là, chaque pays se mettrait à reculer. »
Si l’on n’arrive pas à un accord juridique à Copenhague, pensez-vous que la communauté internationale pourra rebondir et sera en capacité de continuer de travailler pour aboutir à un accord en 2010 ?
« Si la négociation prend énormément de retard, vous aurez une masse de plus en plus importante de gaz carbonique dans l’atmosphère, avec des dégâts et souffrances humaines considérables ».
Sophie Chapelle et Agnès Rousseaux