Suite à une étude menée dans l’Etat du Gujarat, à l’ouest de l’Inde, la firme Monsanto feint aujourd’hui de découvrir que son coton transgénique (le « coton Bt ») se révèle... inefficace. Les insectes contre lesquels est censé lutter ce coton OGM ont développé des résistances aux pesticides inoculés dans les plantes. Annoncé depuis longtemps par diverses ONG, ce risque d’apparition de résistance est documenté scientifiquement depuis plusieurs années déjà. Monsanto et ses chercheurs sont, en fait, en retard de dix ans. Ça c’est de l’innovation !
Cultivé à partir 1998 en Chine, le coton Bt fait l’objet d’études scientifiques qui ont, dès 2006, mis en évidence le développement de résistance chez les insectes « L’adoption généralisée du coton Bt exerce une forte pression sélective sur les populations de ravageurs et accélère le développement de résistance », résume Lillian Ceballos dans son ouvrage Plantes insecticides : évaluation de l’impact sur les insectes auxiliaires. « Depuis 2001, l’évolution de la résistance au coton Bt dans les populations d’un ravageur important du coton a été mise en évidence dans le comté du Qiuxian. Des suivis au champ indiquent que la densité de la population du papillon a augmenté de 3 à 20 fois dans la région entre 2003 et 2007 », ajoute-il. On n’imagine pas une seconde que les pointilleux scientifiques de la firme Monsanto aient pu ignorer ces diverses publications.
L’autre problème des OGM qui, semble-t-il, vient d’apparaître, c’est l’émergence de ravageurs secondaires. En détruisant les ravageurs primaires, les OGM leur laissent place nette. Là encore, l’exemple de la Chine, pionnière en matière de culture de coton Bt, a été soigneusement étudié. Les résultats sont sans détour :« Des informations détaillées sur les dépenses en pesticides révèlent que bien que les cultivateurs de coton Bt économisent 46% des pesticides pour le contrôle du ver de la capsule par rapport aux cultivateurs conventionnels, ils dépensent 40% de pesticides en plus pour tuer les ravageurs secondaires émergents. (…) Les dépenses supplémentaires pour contrôler les ravageurs secondaires compensent presque les économies fréquemment citées dans la littérature réalisées sur le pesticide principale », peut-on lire dans l’ouvrage de Lillian Ceballos. Et il termine de nous rassurer en précisant que « certains entomologistes suggèrent que cela va prendre cinq à dix ans pour que la population de ravageurs secondaires prolifère à un niveau qui cause des problèmes économiques significatifs. »
Malgré cela, on peut parier que les consultants continueront de chanter les louanges du « progrès » OGM pendant que paysans et agriculteurs continueront de payer les nouveaux pesticides que Monsanto aura préparé pour lutter contre les problèmes que ses OGM auront créés. A quand des études sur la patate OGM BASF ?