Entre 40 000 et 60 000 personnes ont visité le village des alternatives ces 26 et 27 septembre à Paris. Les tentes blanches et les slogans verts d’Alternatiba se sont déployés tout autour de la Marianne de bronze de la Place de la République, invitant Parisiens et Franciliens à découvrir le vaste monde associatif engagé pour la justice climatique, ainsi que les « solutions pour le climat » imaginées par le secteur de l’économie sociale et solidaire.
Le samedi, 1500 cyclistes ont inauguré ce village éphémère, concluant le « Tour Alternatiba » et ses 5 637 km parcourus sur des vélos de 3 et 4 places, symboles de la transition écologique et de la solidarité. L’enjeu : porter chaque jour le message de l’urgence à agir contre le changement climatique, et présenter les alternatives concrètes que chacun peut rejoindre et renforcer à son niveau. Ce tour était parti quatre mois plus tôt de Bayonne, là où a germé l’idée de ces villages des alternatives (tous nos articles sur Alternatiba).
Dans les allées, les badauds ont l’embarras du choix : stands d’ONG environnementales et de solidarité internationale, de mouvements sociaux , comme Droit au logement, l’Union syndicale Solidaires ou des collectifs de sans papiers, et d’une kyrielle de collectifs et d’innovations. Ceux que l’obsolescence des objets a lassé trouvent conseils après des « Repairs café Paris » pour réparer leurs équipements électroménagers cassés. Des consommateurs effrayés par les salades aux pesticides récemment médiatisées s’abonnent à des paniers bios, ou s’initient directement à la permaculture.
Les internautes fatigués d’enrichir les propriétaires de Microsoft ou d’Apple se familiarisent avec les logiciels libres. Ceux qui ne veulent plus sponsoriser l’électricité d’origine nucléaire et fossile se renseignent auprès de la coopérative Enercoop, admirent le concentrateur solaire mis au point par l’association Open source écologie, qui produit directement de la chaleur, ou questionnent « Approche paille » qui promeut la paille comme isolant. Les élus qui souhaitent repenser la gestion des déchets de leurs collectivités jettent un œil à « Zero Waste » (zéro déchet). Plus loin, un banquet géant se prépare pour 5000 personnes, à partir d’aliments récupérés dans la grande distribution et qui allaient être jetés.
Plusieurs associations ou sociétés anonymes promeuvent leurs applications et plateformes d’échanges ou de partage – de services entre particuliers ou pour lancer un projet « citoyen ». Mais dans cette joyeuse émulation, toute innovation n’est pas forcément bonne à prendre sans se poser quelques questions, surtout quand il s’agit d’autoproclamée « économie du partage ». Ainsi la plateforme en ligne 1001 Pact propose de mettre en relation « investisseur solidaire » et « entrepreneurs sociaux ». Une plateforme dont le site « est hébergé en Irlande, pays de l’Union Européenne, par Amazon Web Services » [1]. Pour attirer des « investisseurs solidaires », est-ce vraiment raisonnable d’être hébergé par Amazon, régulièrement pointé du doigt pour ses pratiques sociales et fiscales déplorables (lire notre enquête) ? A deux pas, le Collectif Roosevelt propose salutairement de réfléchir sur un meilleur partage des richesses et la régulation de la finance. Pour faire le tri entre toutes ces alternatives, en comprendre les enjeux, et en débattre, il ne restait plus qu’à faire un petit détour par les stands des médias engagés sur les questions sociales et écologiques. Et de continuer à s’informer pour mieux agir, après avoir siroté une bière, artisanale et bio bien sûr.