Près de cinq mois après les élections législatives de septembre, l’Allemagne n’a toujours pas de gouvernement. Le parti de droite de la chancelière Angela Merkel (CDU), le parti très conservateur de Bavière (CSU) et le parti social-démocrate (SPD) ont cependant conclu un nouvel accord de coalition le 7 février, pour tenter de gouverner ensemble pendant les quatre prochaines années. Le document de plus de 100 pages doit encore être validé par les 400 000 adhérents du SPD pour ouvrir la voie à un nouveau gouvernement alliant conservateurs et sociaux-démocrates.
Le parti de Merkel s’est félicité de ses « succès » dans le texte, quand le SPD, lui, même affirme y avoir « inscrit sa patte ». Que prévoit ce « contrat » définissant les lignes essentielles de la future politique sur laquelle se sont accordés les partis ? Sur la question migratoire, la droite a imposé des règles rendant plus difficile le regroupement familial pour les réfugiés arrivés en Allemagne ces dernières années. Ce durcissement en matière d’accueil des réfugiés sera incarné par l’attribution attendue du ministère de l’Intérieur au chef du parti conservateur de la Bavière, Horst Seehofer, bien plus à droite que celui de Merkel sur le sujet.
Le contrat politique contient aussi des aspects plus progressistes. Il y est notamment inscrit l’engagement de ne plus livrer d’armes aux pays intervenant militairement au Yémen. Concrètement, cela signifie la fin des exportations d’armements vers de gros importateurs comme l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis ou l’Égypte… Pays auxquels la France continue, pour l’instant, de vendre des armes malgré les nombreuses présomptions de crimes de guerre perpétrés par la coalition au Yémen (lire notre enquête : Mirages 2000, chars Leclerc, canons Caesar : la France fournisseuse officielle du carnage yéménite).
Sur les questions climatiques et énergétiques, le document est ambitieux, affichant un objectif de 65 % d’énergies renouvelables dans la consommation d’électricité d’ici à 2030, contre un peu plus de 30 % aujourd’hui. Par comparaison, l’objectif français à la même date est de 40 %. L’accord prévoit également une sortie du charbon, dont le pays tire toujours environ 40 % de son électricité. « Nous allons mettre en place une commission “croissance, transformation et emploi” sur le sujet, avec la participation des acteurs politiques, économiques, des organisations environnementales et des syndicats, et les représentants des régions concernées », dit le contrat de coalition. Ceci pour « aboutir à un plan de réduction et de fin de l’électricité issue du charbon », avec une date précise de sortie de cette énergie ultra-polluante. Reste à savoir à quel horizon celle-ci sera fixée. Les adhérents du SPD doivent voter sur ce contrat de coalition dans les prochaines semaines.
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