Dans la série « la crise a bon dos », voici le cas Valeo. Face a la chute de production de véhicules, l’équipementier automobile anticipe et « s’adapte à la conjoncture afin de maintenir sa compétitivité », nous explique son PDG Thierry Morin. Traduction : 5.000 suppressions de postes dans le monde dont 1.600 en France, soit plus de 10% de ses effectifs hexagonaux. Un plan « social » annoncé aux salariés une semaine avant Noël. Une manière quelque peu maladroite pour la direction de les remercier pour les bons résultats obtenus pendant les neuf premiers mois de 2008. Le chiffre d’affaires a progressé de 16%. « Le bénéfice par action des activités poursuivies atteint 1,41 euro, en hausse de 24,8% par rapport à la période correspondante de 2007 », se réjouit la direction financière. Le « résultat revenant aux actionnaires de la société » a lui littéralement explosé de 241,9% comparé à l’année précédente. Soit 106 millions d’euros de dividendes.
« Simultanément, le Groupe poursuit et renforce ses plans de réduction des coûts et sa gestion rigoureuse du cash », précise son service communication, le 17 décembre. Que les managers se rassurent, cette « gestion rigoureuse » ne les concerne pas. La rémunération brute du PDG Thierry Morin s’élève à 1,5 millions d’euros annuels (100 Smic), auquel il convient d’ajouter 19.543 euros d’indemnités de déplacement, 20.000 euros de jetons de présence et 45.750 euros versés par les sociétés contrôlées par Valeo. Sans oublier 350 options d’achat d’actions, qui ont certes un peu perdu de leur valeur en bourse. En cas de désaccord avec son Conseil d’administration, Thierry Morin quittera honorablement la société avec « trois fois le montant de sa rémunération annuelle » du dernier exercice, soit un parachute doré de 4,5 millions d’euros. Pour l’anecdote, siège également au CA de Valeo un homme réputé pour avoir assuré la réussite économique et le désendettement d’un célèbre quotidien du soir, Alain Minc en personne (17.500 euros de jetons de présence en 2007). Vive la crise !