Austérité

10 milliards d’euros en moins, ce sont des écoles fermées, des logements pas rénovés, des aides réduites

Austérité

par Nos services publics

Le collectif Nos services publics, qui regroupe des fonctionnaires engagés, a épluché le décret sur les 10 milliards de réduction de dépenses publiques annoncés par le gouvernement, pour estimer ce que représentent ces coupes au quotidien.

« Nous ferons 10 milliards d’économies sur l’État, pas sur les Français », a déclaré le ministre de l’Économie Bruno Le Maire il y a trois semaines. Nous avons épluché le décret d’annulation des dépenses pour estimer ce que représenteraient, au quotidien, ces 10 milliards d’euros. Le résultat pique les yeux.

La conséquence du recours au décret pour annuler dix milliards, c’est que tout cela reste incroyablement abstrait. Comment les économies seront-elles faites ? Sur qui cela pèsera ? En l’absence d’informations et de contrôle parlementaire, il est impossible de le savoir précisément.

Pour autant, cela nous a semblé nécessaire d’illustrer l’impact de ces dix milliards d’annulations. Alors, nous avons décortiqué le décret ligne à ligne pour représenter, en ordre de grandeurs, les conséquences de la suppression de 900 millions ici ou 300 millions là.

Moins de logements rénovés

Première source d’économies : le gouvernement fait le choix de retirer 2,2 milliards d’euros à l’écologie, dont un milliard en moins sur la rénovation thermique des logements (Ma prime renov). C’est l’équivalent de 100 000 à 150 000 logements non rénovés, soit du nombre de logements d’une ville comme Rennes ou Lille.

Toujours sur l’écologie : la suppression de 500 millions d’euros sur le fonds vert ? C’est l’équivalent de 48 collèges non rénovés. Suppression de 340 millions sur les transports ? L’équivalent d’un an de travaux en plus sur le prolongement de la ligne 14 du métro parisien.

Écoles et collèges supprimés

690 millions d’euros, essentiellement de masse salariale, ont disparu des budgets dédiés à l’éducation. L’équivalent de la suppression de 436 écoles primaires et 54 collèges et l’absence d’accompagnement pour 14 000 élèves en situation de handicap.

Toujours sur l’éducation : moins 900 millions dans la recherche et l’enseignement supérieur. C’est comme si l’on supprimait un cours sur trois pour chaque étudiant en licence. Ou que l’on définancait 1500 projets de recherche, soit le budget annuel de l’Agence nationale de la recherche.

Autre objectif du gouvernement : plus d’un milliard d’euros d’économies réalisées sur le travail et l’emploi (on rappelle que le « plein emploi » est affiché comme priorité du gouvernement). C’est l’équivalent de 130 000 aides à l’embauche d’apprentis. Soit un poste d’apprenti sur trois supprimé dans l’enseignement secondaire.

160 euros en moins pour chaque allocataire de l’AAH

Quatrième grand poste d’économies : l’aide publique au développement avec une suppression de 742 millions d’euros. L’équivalent de 18 hôpitaux régionaux de 250 lits en Palestine, Haïti, Côte d’Ivoire, Tunisie ou Turquie.

Cinquième poste d’économies : la solidarité, l’insertion et l’égalité des chances avec une baisse de 310 millions d’euros. L’équivalent d’une baisse de 160 euros par an pour chaque bénéficiaire de l’allocation adulte handicapé (AAH). Toujours sur les solidarités : diminution du budget de l’aide à l’accès au logement avec 300 millions d’euros annulés. L’équivalent d’une baisse des APL de 3,5 euros par mois pour chaque personne qui y a droit.

20 milliards d’économies en plus en 2025

Et on pourrait continuer : moins 300 millions d’euros sur la justice, moins 230 millions d’euros sur la sécurité, moins 200 millions d’euros sur la culture, moins 180 millions d’euros sur la jeunesse, le sport et la vie associative, moins 75 millions sur l’outre-mer, etc. La liste est longue, et à ce stade encore sans détails sur ces suppressions.

20 milliards d’économies ont de nouveau été annoncés pour 2025. Nous les étudierons de près, en espérant que cette fois nous puissions disposer de données précises sur la composition de ces coupes dans les services publics.

Collectif Nos services publics

> Le site du Collectif Nos services publics

Photo de une : Une manifestation d’enseignants et enseignantes et de parents contre le manque de profs dans des collèges de Seine-Saint-Denis en 2021/©Emma Bougerol.

P.-S.

Cette analyse a été publiée sous forme the thread sur X le 7 mars. Sur le blog du collectif Nos services publics, hébergé par Mediapart, médecins, météorologues, enseignants ou agents du ministère de l’Écologie racontent de l’intérieur ce qu’ils ont vécu et s’apprêtent à vivre avec ces nouvelles couples budgétaires : la lassitude, les injonctions contradictoires, les conséquences.