Soulèvements de la Terre

60 ans d’actions violentes : faut-il pour autant dissoudre la FNSEA ?

Soulèvements de la Terre

par Rédaction

Depuis les années 1960, le syndicat agricole FNSEA multiplie les destructions de biens publics, blocages, opérations coups de poing, menaces contre des militantes écologistes et des élues. Chronologie de 60 ans d’actions violentes.

« Le citoyen que je suis se félicite qu’on ait mis un coup d’arrêt aux violences et exactions commises auprès des biens et des personnes. » C’est ainsi qu’a réagi Arnaud Rousseau, le nouveau président de la FNSEA, premier syndicat agricole, au lendemain de la présentation en Conseil des ministres du décret de dissolution des Soulèvements de la Terre, le 21 juin. Une semaine plus tôt, le président de la FNSEA avait appelé le gouvernement à dissoudre les Soulèvements de la Terre, disant que « les agriculteurs sont toujours restés dans le cadre républicain ».

En mars dernier, c’est sa prédécesseuse Christiane Lambert, qui condamnait « les violences inouïes » à Sainte-Soline. La violence est pourtant caractéristique de nombreuses actions de la FNSEA ces soixante dernières années. Basta! dresse ici une chronologie documentée de ces actions, qui pourra être complétée dans les semaines à venir.


 1961-1974 : « 2000 agriculteurs qui cassent tout, c’est plus payant que 10 000 manifestants qui défilent dans le calme
 2 février 1982 : Une ministre séquestrée par la FNSEA
 23 août 1990 : Des moutons brûlés vifs lors d’une manifestation de la FNSEA
 8 février 1999 : Des militants de la FNSEA dévastent le bureau de la ministre de l’Environnement
 5 novembre 2004 : Destruction du mobilier de l’hôtel des impôts de Morlaix, un policier grièvement blessé
 19 septembre 2013 : Mise à sac de la maison du parc naturel régional du Morvan « sous le regard placide des gendarmes »
 21 novembre 2013 : Blocus de Paris causant deux accidents et un mort. Pas de suites judiciaires
 19 septembre 2014 : Le centre des impôts et le bâtiment de la Mutualité sociale agricole incendiés à Morlaix
 5 novembre 2014 : Des ragondins maltraités et tués à Nantes
 5 novembre 2014 : Des inspecteurs du travail menacés à Châlons-en-Champagne
 5 novembre 2014 : 70 000 euros de dégâts à Valence
 2 juillet 2015 : Saccages lors de la « nuit de l’élevage en détresse »
 14 août 2015 : 600 000 euros de dégâts à Caen, menace de mort envers une policière
 5 août 2015 : La FNSEA mure un bâtiment public à Grenoble
 14 décembre 2015 : Le Conseil d’État est pris pour cible par la FNSEA
 22 septembre 2017 : 300 agriculteurs de la FNSEA bloquent les Champs-Élysées
 Février 2018 : Vinci chiffre les dégâts à sept millions d’euros
 5 mai 2018 : Des condamnations pour « entrave à la liberté d’expression et de réunion » en Ariège
 25 mars 2021 : Heurts entre éleveurs et forces de l’ordre à Clermont-Ferrand
 17 février 2023 : Les locaux de l’association France nature environnement pris pour cible
 21 février 2023 : 120 000 euros de dégâts dans les Landes
 21 février 2023 : Un agriculteur fonce sur des gendarmes mobiles en marge d’une manifestation FNSEA à Nîmes
 22 mars 2023 : Un maire menacé, la maison d’un militant écologiste prise pour cible à La Rochelle
 12 avril 2023 : Une permanence parlementaire ciblée pour la troisième fois en six mois par la FNSEA
 Faut-il dissoudre la FNSEA ? « Bien sûr que non, pas plus que les Soulèvements de la Terre »

1961-1974 : « 2000 agriculteurs qui cassent tout, c’est plus payant que 10 000 manifestants qui défilent dans le calme »

Cette phrase est prononcée par le syndicaliste agricole Alexis Gourvennec en 1974. Elle fait directement référence à la prise d’assaut en 1961 de la sous-préfecture de Morlaix par des agriculteurs membres des FDSEA de Bretagne, qui la mettent à sac. Alexis Gourvennec souligne alors l’efficacité de l’« action directe » par rapport à celle de la « négociation menée pendant des mois ».

Dans les années 1970, un chercheur avait recensé 133 manifestations violentes de la FNSEA de 1962 à 1971. Parmi ces actions, la presse locale rapportait celle d’ « un commando fortement organisé » qui, le 2 octobre 1967 à Quimper « défonce la porte d’entrée du local d’un député ». « Les manifestants mettent le feu au mobilier de la maison d’un gardien de la préfecture » et « deux motos de la gendarmerie mobile sont incendiées ». Au terme de ces affrontements, 179 blessés sont dénombrés parmi les forces de l’ordre et 80 blessés côté manifestants.

Autre action frappante : le 17 juillet 1974, des agriculteurs « armés de barres de fer » forcent les grilles d’un abattoir de Vannes et pénètrent à l’intérieur du bâtiment. Ils brûlent les carcasses, puis vont briser les fenêtres et vitres de la préfecture.

Revenir à la liste des actions.

2 février 1982 : une ministre séquestrée par la FNSEA avant d’être évacuée par hélicoptère

En février 1982, Édith Cresson, alors ministre de l’Agriculture, visite une ferme dans le Calvados. Mais au terme de « deux heures d’échanges impossibles », rapporte Le Monde, « quelques centaines d’agriculteurs semblaient surtout décidés à la “retenir” le plus longtemps possible ». Des manifestants barrent la route. « Malgré les appels au calme du responsable syndical, madame Cresson [doit] battre en retraite vers la ferme avant d’être évacuée par hélicoptère », précise le quotidien. « Sous la protection de gendarmes mobiles, Mme Cresson [doit] courir à travers un pré vers la zone d’atterrissage préservée par les forces de l’ordre. »

Revenir à la liste des actions.

23 août 1990 : un camion de moutons brûlés vifs lors d’une manifestation de la FNSEA

En août 1990, le ministre de l’Agriculture Henri Nallet annonce que des mesures de soutien vont être adoptées pour les éleveurs face à la chute des cours des viandes ovines et bovines. Le 23 août, en réponse à ces promesses jugées trop vagues, des incidents éclatent entre agriculteurs et forces de l’ordre. À Thouars (Deux-Sèvres), plus de 200 moutons sont brûlés vifs dans un camion. Une semaine plus tard, le ministre présente un ensemble d’aides concrètes, d’un montant global de 1,19 milliard de francs.

Revenir à la liste des actions.

8 février 1999 : des militants de la FNSEA dévastent le bureau de la ministre de l’Environnement

Le 8 février 1999, en réaction à la réforme de la Politique agricole commune qu’ils désapprouvent, 150 à 200 agriculteurs de la FNSEA envahissent le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement et dévastent le bureau de la ministre de l’époque, Dominique Voynet. De la boue et des petits pois sont répandus dans toute la pièce. De la farine est lancée sur des collaborateurs du ministère. De nombreux documents sont emportés. La vidéo du JT de France 2 montre l’étendue du saccage

Des dégradations de matériel public et violences physiques sur personnes représentantes de l’État – un fonctionnaire en sortira avec six jours d’arrêt de travail – sont constatées, mais la justice se montre clémente. Deux ans plus tard, elle prononce des peines symboliques à l’égard de quatre des cinq agriculteurs poursuivis – l’un d’eux a été relaxé – qui sont condamnés à 1500 euros d’amende.

« Comment se fait-il qu’on n’ait pas dissout la FNSEA lorsqu’elle a détruit et saccagé le ministère de l’Écologie ? » interroge José Bové, ancien porte-parole de la Confédération paysanne dans un récent entretien à Mediapart. « Jamais je ne demanderais la dissolution d’une organisation syndicale, mais il faut remettre les choses à l’endroit. La FNSEA cherche à empêcher toute contestation de son modèle, en faisant peur à tous ceux qui s’y opposent, en demandant la dissolution des mouvements. »

Revenir à la liste des actions.

5 novembre 2004 : Destruction du mobilier de l’hôtel des impôts de Morlaix, un policier grièvement blessé. Non-lieu.

En 2004, année de crise aiguë du chou-fleur, l’hôtel des impôts de la ville de Morlaix subit le courroux des producteurs de légumes de la FNSEA. Après avoir forcé l’entrée du bâtiment, certains détruisent mobilier et ordinateurs, causant plus de 60 000 euros de dégâts. Un policier est grièvement blessé à la tête par un jet de pavé. Le tribunal prononce un non-lieu. Justification : « En l’absence d’éléments de preuve au moment des faits, il n’a pas été possible d’identifier leurs auteurs », affirme le procureur de la République de Morlaix. Ce dernier regrette la loi de « l’omerta » qui sévit dans les milieux agricoles.

Revenir à la liste des actions.

19 septembre 2013 : Mise à sac de la maison du parc naturel régional du Morvan « sous le regard placide des gendarmes »

Il y a dix ans, en septembre 2013, dans le cadre d’une manifestation de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), la maison du parc naturel régional à Saint-Brisson (Nièvre) est mise à sac. Rambardes de bois renversées, panneaux d’information arrachés, arboretum dévasté par des bottes de foins projetées, murs et portes souillées de purin... listent les responsables du parc du Morvan. « Le tout sous le regard placide des gendarmes » relate le Journal de l’environnement.

Revenir à la liste des actions.

21 novembre 2013 : Blocus de Paris causant deux accidents et un mort. Pas de suites judiciaires.

En novembre 2013, alors que des agriculteurs franciliens bloquent des axes routiers, la manifestation est marquée par deux accidents de la route dont un mortel. Un pompier de 28 ans décède lors d’un accident survenu à l’un des barrages d’agriculteurs dans le Val-d’Oise. Un second accident entre un tracteur et un car de CRS fait six blessés légers dans l’Essonne.

La FNSEA rappelle alors qu’elle n’appelait pas à cette mobilisation, voulue par la seule branche francilienne du syndicat. Aucune poursuite n’est menée contre la FDSEA Île-de-France qui organisait la manifestation. Cette dernière estime que la responsabilité de l’accident incombe au gouvernement qui n’avait pas mobilisé suffisamment de forces de l’ordre.

Revenir à la liste des actions.

19 septembre 2014 : le centre des impôts et le bâtiment de la Mutualité sociale agricole sont incendiés à Morlaix

Dans la nuit du 19 au 20 septembre 2014, une centaine de légumiers incendient successivement deux bâtiments publics, le centre des impôts et la mutualité sociale agricole de Morlaix, pour protester contre les contraintes fiscales et administratives qui pèsent sur eux. Selon le maire PS de la ville, les manifestants ont d’abord « tout saccagé à l’intérieur », avant de mettre le feu à la MSA, à l’aide de palettes et de pneus. Leur virée se poursuit ensuite devant le centre des impôts de la ville, où ils cassent portes et fenêtres avant d’incendier le batîment, comme en témoigne cette vidéo du Telegramme.

Les pompiers se voient empêcher l’accès à l’incendie par les manifestants. « Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu’ils ont fait », se félicite alors le responsable départemental du syndicat.

« Faudra-t-il croire qu’il serait moins risqué d’incendier un centre des impôts ou les bâtiments de la Sécu agricole que de démonter symboliquement une usine à 1 000 vaches ? » interroge à l’époque dans basta! Léon Maillé, ancien berger et pilier de la lutte du Larzac. « Il est vrai que la FNSEA ne remet jamais en cause le système agrobusiness, alors l’État peut bien lui tolérer quelques accès de colère… Par contre, la Confédération paysanne, parce qu’elle combat la dérive industrielle de l’agriculture, est considérée comme terroriste des champs », disait-il aussi.

Six militantes de la Confédération paysanne, poursuivis pour les actions syndicales menées en septembre 2013 et mai 2014 contre la ferme usine des 1000 vaches à Drucat (Somme), ont été condamnés au civil en 2018 à verser solidairement 120 000 euros de dédommagements aux propriétaires de l’exploitation. Trois agriculteurs et un « Bonnet rouge » qui avaient participé à l’incendie du centre des impôts de Morlaix ont eux été condamnés à verser solidairement 336 000 euros à l’État. Ils ont aussi été condamnés à des peines de prison avec sursis.

Revenir à la liste des actions.

5 novembre 2014 : des ragondins maltraités et tués à Nantes

Fin 2014, à l’appel de la FDSEA et des JA de Nantes, quelque 300 personnes se réunissent à Nantes pour dénoncer la « pression sur les prix ». Des dizaines de ragondins vivants, amenés dans des cages, sont libérés devant la préfecture. Certains sont jetés par-dessus les grilles du bâtiment, d’autres sont aspergés de peinture rouge. Des ragondins morts et un sanglier sont jetés sur un tas de fumier. « Les ragondins, c’est comme Ségolène (Royal, alors ministre de l’Écologie, ndlr), c’est des nuisibles », dit un agriculteur à la presse.

La Fondation Brigitte Bardot et l’association L214 dénoncent des « actes de cruauté » et portent plainte contre la FDSEA. Xavier Beulin, alors président de la FNSEA dit auprès de l’AFP qu’ « il ne cautionne pas ce type de dérapage ».

Revenir à la liste des actions.

5 novembre 2014 : Des inspecteurs du travail sont menacés à Châlons-en-Champagne

Ce jour-là, des agriculteurs murent symboliquement plusieurs bâtiments publics, dont les locaux des inspecteurs du travail (la DIRECCTE) à Châlons-en-Champagne (Marne). Devant la préfecture, un véhicule privé hors d’usage sur lequel le logo de la DIRECCTE a été apposé est incendié par les manifestants.

Quelques jours auparavant, le 24 octobre, la FDSEA avait publié un article intitulé « Contrôleurs, vous êtes prévenus » dans le journal de la Marne Agricole, dans lequel elle appelait à faire obstacle aux contrôles en menaçant de neutraliser les véhicules des agents. L’article était accompagné d’une photo d’un véhicule de la DIRECCTE, sans ses roues, sur des cales. À la suite de cette action, les représentants CGT des inspecteurs du travail ont demandé « une condamnation immédiate de l’appel à la violence de la part de la FDSEA à l’encontre des agents de l’Inspection du travail », ce qu’a fait le ministre du Travail François Rebsamen.

Revenir à la liste des actions.

5 novembre 2014 : 70 000 euros de dégâts dans le centre-ville de Valence

Un millier d’agriculteurs et 250 tracteurs se retrouvent dans les rues de Valence avec pour message : « Consommons français » et « Laissez-nous travailler ». Sur leur passage, ils brûlent ballots de paille et ceps de vigne, puis déversent ail, pommes de terre et fumier devant la préfecture et la direction des territoires. Du mobilier urbain est dégradé. Les dégâts sont évalués par le maire à 70 000 euros.

Revenir à la liste des actions.

2 juillet 2015 : Saccages en série lors de la « nuit de l’élevage en détresse »

L’année suivante, une manifestation, soutenue par la FNSEA, conduit à d’importantes violences dans plusieurs villes de l’ouest. À Quimper, des manifestants forcent le rideau de fer d’un supermarché Lidl, « saccagent » les terminaux de paiement selon la préfecture du Finistère, et incendient du charbon de bois dont la suie « rend tous les produits impropres à la consommation ». Une voiture de police est renversée.

À Rennes, des bennes sont déversées devant la préfecture. Il n’y a pas eu d’interpellations, selon France Bleu Breizh Izel.

Revenir à la liste des actions.

14 août 2015 : 600 000 euros de dégâts à Caen, menace de mort envers une policière

À l’initiative de la FNSEA du Calvados, la manifestation du 14 août 2015, avec son habituel cortège de tracteurs et d’engins agricoles, se traduit par une avalanche de déchets. 307 tonnes de détritus (fumier, lisier, pneus) sont ramassées par les employés de la ville de Caen. Le bâtiment de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM, qui abrite l’administration de l’agriculture) est copieusement aspergé de lisier.

À la clé, d’importants dégâts à l’intérieur, en particulier dans les circuits informatiques. La facture de 600 000 euros amène le préfet du Calvados à déposer plainte. Dix agriculteurs du Calvados et de la Manche, dont le président et le secrétaire de la FNSEA du Calvados (qui ont démissionné de leur mandat à la suite de ces actions), sont poursuivis pour dégradation volontaire en réunion et jugés le 31 mai 2016 par le tribunal correctionnel de Caen. Le 10 novembre 2022, le tribunal de Caen a condamné cinq agriculteurs, membres de la FDSEA du Calvados, à payer solidairement 31 500 euros de dommages et intérêts. Sur le volet pénal, la Cour d’appel de Caen a condamné, en septembre 2017, trois agriculteurs à des peines de trois mois avec sursis pour complicité de dégradation. Deux ont vu leur peine de six mois avec sursis confirmée, notamment pour menace de mort envers une policière.

D’autres manifestations agricoles ont eu lieu cet été-là à Caen. Le parquet dénombre 32 plaintes et recense 1,4 million d’euros de préjudice selon des évaluations des plaignants. Ce chiffre couvre des dégradations, des opérations de nettoyage et des pertes d’activité.

Revenir à la liste des actions.

5 août 2015 : La FNSEA mure un bâtiment public à Grenoble

Quelques dizaines d’agriculteurs, dont le président de la FNSEA, manifestent à Grenoble. Ils incendient la boîte aux lettres de la Direction départementale des territoires et de la mer et construisent un mur en parpaings pour empêcher l’accès à l’institution. Aucune interpellation n’a eu lieu.

Revenir à la liste des actions.

14 décembre 2015 : Le Conseil d’État est pris pour cible par la FNSEA

Alors que le Conseil d’État doit rendre un avis concernant les zones de non-traitement par pesticides, l’antenne régionale de la FNSEA dans le Grand bassin parisien manifeste devant son entrée. Entre 200 et 300 agriculteurs allument un feu et accrochent aux grilles du bâtiment public une bâche arborant le slogan « Conseil des juges - République des juges ». 68 personnes sont placées en garde à vue pour non-respect des sommations de dispersion.

Revenir à la liste des actions.

22 septembre 2017 : 300 agriculteurs de la FNSEA bloquent les Champs-Élysées

Répondant à un appel de fédérations départementales de la FNSEA et arborant une bannière « Macron tue », les manifestants protestent contre la volonté du gouvernement d’interdire le glyphosate et contre l’importation autorisée de produits étrangers traités avec cet herbicide. Nicolas Hulot, ministre de l’Environnement, vient négocier avec eux. Le blocage des Champs-Élysées est finalement levé en milieu de matinée après qu’une délégation a été reçue une heure à l’Élysée par la conseillère agricole du président.

Revenir à la liste des actions.

Février 2018 : Vinci chiffre les dégâts à sept millions d’euros

Mi-février 2018, des agriculteurs du Sud-Ouest ont manifesté pendant plusieurs jours contre les négociations commerciales menées avec les quatre pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) et la refonte de la carte des zones défavorisées qui risque de priver certains d’entre eux d’indemnités. Des manifestations ont aussi eu lieu dans toute la France. Particulièrement suivies dans l’ouest du pays, elles se sont traduites par de nombreux blocages routiers. La facture des dégâts est chiffrée à sept millions d’euros.

Revenir à la liste des actions.

5 mai 2018 : Des condamnations pour « entrave à la liberté d’expression et de réunion » en Ariège

Le 5 mai 2018, à la Bastide-de-Sérou (Ariège), des représentants de plusieurs organisations agricoles dont la FDSEA du département organisent une contre-manifestation, à l’occasion d’une réunion rassemblant plusieurs associations écologistes locales. Le face-à-face est tendu, principalement au sujet de l’ours. Des insultes, intimidations et autres menaces sont proférées. Poursuivies pour « entrave à la liberté d’expression et la liberté de réunion », six personnes sont condamnées le 29 novembre 2022 à trois mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende chacun. La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, est venue soutenir les prévenus lors du procès.

Revenir à la liste des actions.

25 mars 2021 : Heurts entre éleveurs et forces de l’ordre à Clermont-Ferrand

Près de 500 tracteurs et 2000 éleveurs viennent manifester sur la place de Jaude, à Clermont-Ferrand, à l’appel de plusieurs fédérations dont la FRSEA Auvergne Rhône-Alpes. Le mot d’ordre : défendre toute une profession qu’ils estiment en danger. Deux remorques de fumier puis 12 000 litres de lisier sont déversés devant les locaux de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf). La manifestation se termine par des affrontements avec les gendarmes mobiles comme l’atteste cette vidéo réalisée par le journal La Montagne.

Revenir à la liste des actions.

17 février 2023 : les locaux de l’association France nature environnement sont pris pour cible

En février dernier à Toulouse, des agriculteurs de la FDSEA 31 sont venus déverser des tonnes de fumier et de vieux pneus devant la Maison de l’environnement de Midi-Pyrénées. « Le fait que les pouvoirs publics ont laissé faire nous paraît inadmissible sur le fond et sur la forme » dénonce alors l’association FNE, comme en témoigne cette vidéo.

Des faits similaires se sont déroulés devant la Maison de l’environnement de Midi-Pyrénées en février 2020. La plainte déposée alors contre ses responsables est restée sans suite à ce jour. Dans une lettre ouverte remise le 14 juin au ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, l’association FNE interroge : « Qu’en est-il des agressions que subissent nos bénévoles et nos organisations, qui revendiquent des actions non violentes ? Pourquoi leurs agresseurs ne sont-ils pas arrêtés et condamnés ? »

Revenir à la liste des actions.

21 février 2023 : 120 000 euros de dégâts dans les Landes

Plus de 800 agriculteurs manifestent dans les rues de Mont-de-Marsan, contre une baisse redoutée des volumes de prélèvements d’eau autorisés. Plus de 300 tonnes de déchets (gravats, lisier, pneus, souches d’arbre, bidons, métal, parpaings, carrelages, débris de construction, tuiles...) sont déversées dans le centre-ville comme en témoignent les photos de Radio France.

La mairie de Mont-de-Marsan estime que le coût du nettoyage et du retraitement des déchets représente au moins 120 000 euros. Le responsable du syndicat agricole FDSEA 40 reconnaît : « C’est allé trop loin, je fais le constat qu’on n’a pas maîtrisé totalement nos troupes, on a franchi les limites. Les gens en ont marre, il y a une colère, une angoisse et un sentiment d’abandon. Je ne cautionne pas les excès qui ont été commis, mais je les comprends et j’en connais la racine profonde. »

Revenir à la liste des actions.

21 février 2023 : Un agriculteur fonce sur des gendarmes mobiles en marge d’une manifestation FNSEA à Nîmes

La FNSEA et les Jeunes agriculteurs manifestent dans le centre-ville de Nîmes. L’accès à l’autoroute est bloqué, le trafic des bus paralysé, du lisier est déversé sur les principaux axes. De violents affrontements ont lieu.

Arrivés à la DDTM, les agriculteurs déversent des remorques de déchets devant les portails d’entrée. D’autres jettent des pommes pourries sur les façades du bâtiment. Les manifestants mettent le feu aux pneus. Deux personnes sont interpellées dont un agriculteur, qui aurait foncé sur les gendarmes mobiles avant que ceux-ci ne répliquent à l’aide de lacrymos. Deux gendarmes mobiles sont blessés.

Revenir à la liste des actions.

22 mars 2023 : Un maire menacé, la maison d’un militant écologiste prise pour cible à La Rochelle

Entre 120 et 200 tracteurs de la FDSEA Charente-Maritime manifestent à La Rochelle contre l’interdiction des pesticides et pour les mégabassines. Ils déversent purin et pneus usagés devant la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), avant d’être reçus par le préfet.

Pneus et fumier sont aussi déversés devant la mairie de L’Houmeau, dont le maire souhaite racheter 44 hectares de terres agricoles pour les convertir en prairie ou en maraîchage biologique. « Ce n’était qu’un premier avertissement. S’il faut séquestrer le maire dans sa mairie, nous le ferons », menace à cette occasion Sébastien Brochet, président de la FDSEA pour le canton de La Rochelle. Le maire porte plainte à la suite de ces menaces. Une autre mairie, celle de Nieul-sur-Mer — dont le maire a réclamé un moratoire sur le pesticide prosulfocarbe — a droit au même traitement.

Les agriculteurs de la FNSEA 17 débarquent ensuite devant la maison du vice-président de Nature environnement 17, Patrick Picaud. Cette association mène des recours juridiques souvent gagnants contre les mégabassines. Les agriculteurs déversent des déchets (pneus, gravats, fumier, tuyaux...) dans le jardin, taguent le muret d’insultes homophobes et jettent des pierres sur la résidence. Sa femme est présente.

Le président de la FNSEA 17 « ne cautionne pas » ces agissements, mais dit « comprendre les gars ». Il rappelle que des agriculteurs ont eux aussi été victimes d’intrusion et que des dégradations ont été commises sur des réserves de substitution. « Peut-être aussi que cette personne a bien cherché ce qui lui arrive », dit-il auprès de France 3 Nouvelle Aquitaine.

Depuis 2015, l’association France nature environnement a recensé 52 cas d’agressions, d’atteintes aux biens ou de menaces contre ses membres — une bonne partie émanant du monde agricole productiviste. Nature environnement 17 interroge : « Va-t-on parler d’agri-terrorisme ? »

Revenir à la liste des actions.

12 avril 2023 : Une permanence parlementaire ciblée pour la troisième fois en six mois par la FNSEA

La FDSEA et les Jeunes agriculteurs de Moselle déposent du fumier devant la permanence parlementaire de Charlotte Leduc, députée insoumise en Moselle. Sa devanture avait déjà été ciblée quelques jours plus tôt, ainsi qu’en décembre 2022. Cette action vise, selon les deux syndicats, à soutenir le projet de mégabassines à Sainte-Soline, objet d’affrontements le 25 mars dernier. Ils reprochent notamment à la députée son appui aux militantes écologistes. Dans un communiqué, Charlotte Leduc dénonce les « intimidations répétées » et le « harcèlement », et annonce redéposer plainte.

Alors qu’un membre du bureau de la FNSEA est auditionné le 14 juin 2023 par la commission d’enquête parlementaire sur « les groupuscules violents en manifestation », la députée insoumise du Puy-de-Dôme, Marianne Maximi, l’interroge sur les modalités d’actions du syndicat. « La FNSEA, de temps en temps, peut se retrouver débordée par des personnes que l’on ne peut pas contrôler et on s’efforce au maximum de pouvoir gérer nos manifestations avec le plus grand respect possible des biens d’autrui », répond, laborieusement, le représentant du syndicat agricole.

Revenir à la liste des actions.

Faut-il dissoudre la FNSEA ? « Bien sûr que non, pas plus que les Soulèvements de la Terre »

C’est pour avoir commis des « agissements violents à l’encontre des personnes ou des biens » lors de diverses manifestations que les Soulèvements de la Terre sont dissouts, selon le décret pris en conseil des ministres le 21 juin 2023. « En vertu de cette jurisprudence administrative, faut-il aussi dissoudre la FNSEA ? » interroge l’avocat spécialiste du droit de l’environnement Sébastien Mabile sur Twitter. Il répond : « Bien sûr que non, pas plus que les Soulèvements de la Terre. La démocratie, c’est accepter les critiques, fussent-elles accompagnées de colère, et parfois d’actes violents. » 

Des élues et des organisations dénoncent aujourd’hui la différence de traitement et le deux poids deux mesures entre la réponse de l’État face aux dégradations matérielles et aux actions des membres des Soulèvements et celles de la FNSEA. C’est le cas de Marine Tondelier chez les Verts, de Chloé Ridel au Parti socialiste, de l’association Attac ou du philosophe Dominique Bourg. « En défendant les Soulèvements de la terre, nous défendons la démocratie et les libertés publiques », défend l’avocat Sébastien Mabile.

Photo de une : Dans une rue de Rennes, le 22 juin 2023/© basta!