Le Centre national de l’alimentation (CNA) envisage très sérieusement la réintroduction des farines animales en France. Dans un rapport d’étape du 31 mai, l’instance consultative des ministères de l’Alimention, de la Santé et de l’Économie suggère une « autorisation limitée, dans un premier temps, au secteur de l’aquaculture » et « dans un deuxième temps, et après un bilan bénéfices/risques, une extension éventuelle à l’alimentation des porcs et des volailles ». Les farines animales pourraient ainsi réapparaître dans les mangeoires dans les prochains mois.
L’étude du CNA fait suite à la proposition de la Commission européenne de juillet 2010, de lever l’interdiction en vigueur pour les non ruminants (porcs, volailles, poissons). Et de mettre fin à « l’abattage systématique » des animaux menacés lorsqu’un cas d’ESB est décelé. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) a également rendu un avis en janvier sur les risques liés aux « farines animales ». Bilan : pour l’AESA, les risques sont « négligeables ». 15 ans après la crise sanitaire et économique de la « vache folle » – l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) – et les quelque 200 morts de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, les intérêts de l’agro-business semblent reprendre le dessus.
L’avis définitif du CNA est prévu pour septembre. Entre-temps, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) aura elle aussi rendu le sien. Viendront ensuite ceux des autres États membres, de la Commission, du Conseil et du Parlement européen. Si la FNSEA n’est pas contre, le ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, s’oppose à ce que votre dinde de Noël puisse être gavée de farine animale. « Tant que je serai ministre de l’Agriculture, les farines animales ne seront pas réintroduites en France. J’en prends l’engagement », a-t-il déclaré. Espérons que cette promesse ne soit pas une manière de nous rouler dans la farine.