Le gouvernement Fillon devrait peut-être s’inspirer du savoir-faire tunisien en matière d’élections. Le scrutin qui s’est déroulé dans l’Éducation nationale, lors des élections professionnelles de la Fonction publique ce 20 octobre, s’est terminé en véritable fiasco. La participation des enseignants et des professeurs d’université est en chute libre : 38 % en moyenne, contre plus de 60 % lors des élections précédentes. Cela révèle-t-il une défiance totale envers les organisations syndicales incapables, pour l’instant, d’enrayer la saignée des postes ? Difficile de les rendre responsables, alors que l’Éducation nationale inaugurait pour la première fois le vote électronique, avec ses nombreux bugs (les ordinateurs n’ont pas réussi à identifier le code informatique d’une partie des électeurs). Car ailleurs la participation varie, augmentant au ministère des Affaires sociales, ou baissant à celui des Affaires étrangères. Mais jamais dans des proportions aussi grandes que pour l’Éducation nationale. La FSU, qui reste la première force syndicale parmi des fonctionnaires d’État (grâce à ses 40 % chez les 950 000 enseignants et personnels du premier et second degré) demande la mise en place d’une commission d’enquête administrative et parlementaire « afin de faire toute la lumière sur la nature des dysfonctionnements lors de ces élections ».
Élections reportées au ministère de la Justice
En plus des déboires du vote électronique, ces élections professionnelles réservent quelques surprises (voir les résultats précédents). Avec 16,7 % des voix, Force ouvrière pointe désormais derrière la FSU (17,1 %). La centrale de Jean-Claude Mailly profite de l’arrivée de nombreuses sections de l’Unsa, notamment dans la police. De son côté, l’Unsa perd plus de trois points (13,8 %) et se retrouve derrière la CGT (15 %) – qui a parfois fait liste commune avec la FSU, comme au ministère de l’Écologie – et la CFDT (14,6 %). L’Union syndicale Solidaires réalise 8,1 % des voix, demeurant la deuxième force syndicale chez les postiers. Paradoxe intéressant : le syndicat considéré comme le plus à gauche arrive en tête au sein des Directions générales des finances publiques avec 33 % des voix. Le Syndicat national unifié des impôts (Snui) et SUD Trésor demandent depuis longtemps davantage de justice fiscale. Enfin, avec 5,3% des voix, la CGC devrait préserver son statut d’organisation représentative.
Les salariés de France Télécom ayant gardé leur statut de fonctionnaires voteront le 22 novembre. Ainsi que les personnels du ministère de la Justice, dont le vote a été reporté à cause de « perturbations », le ministère n’ayant pas réussi à acheminer le matériel de vote dans les délais… Dans la Fonction publique hospitalière, si la CGT se renforce légèrement, les équilibres demeurent inchangés (CGT, CFDT, FO, Solidaires, Unsa, CFTC). Il faudra attendre 2014, et les élections dans la Fonction publique territoriale, pour savoir qui, de la FSU, de FO ou de la CGT, arrivera finalement en tête.