© Photo tirée du site Solar Generation
Terrasses ensoleillées et bondées, couloirs du sommet quasi vides, l’ambiance à Bonn est aux antipodes de la Conférence de Copenhague. Les négociations ont repris depuis le 31 mai, et un nouveau texte d’une quarantaine de pages est sur la table. Rédigé par la Zimbabwéenne Margaret Mukahanana-Sangarwe, qui préside le principal groupe de travail, il reprend plusieurs points de l’accord de Copenhague tout en laissant de très nombreuses questions en suspens. Du coup, la morosité demeure. « Rien n’aura avancé sur le cadre juridique et les engagements de réductions d’émissions d’ici à Cancun (où se tiendra le prochain sommet) », prédit un négociateur pour les pays africains. « On discute les aspects principalement techniques de l’accord de Copenhague mais globalement c’est assez mou. »
Le contraste est saisissant entre la morosité des salles de négociations et les mobilisations citoyennes. Plus de 5.000 personnes ont manifesté dans les rues de Bonn le samedi 5 juin, rejoints par les sambas "Rhythms of resistance".
Pendant que ces milliers de personnes défilent, à la table des négociations certains États reviennent déjà sur les promesses formulées six mois plus tôt à Copenhague. En jeu, la question des financements dits « précoces » : plusieurs pays industrialisés se sont engagés, à Copenhague, à soutenir à hauteur de 30 milliards de dollars les besoins urgents d’adaptation et de réduction des émissions des pays en développement, sur la période 2010-2012. L’Union européenne a promis de verser une contribution de 7,2 milliards d’euros. Mais la présentation de son rapport de pré-financement, le 3 juin, a ébranlé la coalition du Climate Action Network. Pointant le « manque de transparence », les membres du réseau dénoncent « le recyclage de l’aide publique au développement en financements pour le climat ». La France ne ferait pas exception à la règle : sur les 420 millions d’euros promis, « seuls 50 millions d’euros destinés à la forêt pour 2010 seront de l’argent frais ».
Réduire la déforestation
Les forêts et le mécanisme « REDD » qui vise à lutter contre la déforestation sont également au cœur des discussions. « Il existe un fossé énorme entre les négociations au niveau international et le vécu dans les forêts tropicales », explique Samuel Nnah Ndobe du Centre pour l’environnement et le développement au Cameroun, qui regrette que les populations concernées n’aient pas été associées au processus. À l’issue de la première semaine des négociations, la sortie d’un rapport proposant « une vision alternative pour réduire la déforestation » n’a reçu que peu d’échos.
Dans un papier d’analyse commune, les organisations de la société civile déplorent « le démantèlement par la plupart des pays développés de la politique climatique mondiale actuelle au profit d’un système d’engagements de réductions volontaires beaucoup plus fragiles ». Les mouvements sociaux ont prévu plusieurs rencontres internationales d’ici la 16e conférence des Parties à Cancun (Mexique) en décembre : le Forum social des États-Unis à Detroit fin juin, le Forum social européen à Istanbul début juillet et le Forum social des Amériques à Asuncion (Paraguay) en août.
Sophie Chapelle