Marche nationaliste et raciste à Londres : un signal d’alerte pour toute l’Europe

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Une mobilisation d’extrême droite a réuni plus de 100 000 personnes samedi 13 septembre à Londres. Ce qui a peut-être été « le plus grand événement nationaliste depuis des décennies » en Grande Bretagne inquiète les médias indés européens.

par Emma Bougerol

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« La police a conseillé aux musulmans de rester chez eux. Au milieu des drapeaux, les pancartes affichaient “Arrêtez les bateaux” et “Renvoyez-les chez eux” », décrit le correspondant à Londres du quotidien italien Il Manifesto.

Le samedi 13 septembre, les rues de la capitale britannique ont vu déferler une vague xénophobe. Plus de 100 000 manifestants, jusqu’à 150 000 selon certaines estimations, ont défilé à l’appel de Tommy Robinson, figure xénophobe et islamophobe de la scène politique britannique. Cet événement est, selon les mots du quotidien britannique The Guardian « considéré comme le plus grand événement nationaliste depuis des décennies » dans le pays.

« La liberté d’expression n’est pas la liberté d’inciter à la haine »

« Jamais à Londres, l’une des villes les plus multiculturelles du monde, autant de personnes n’avaient répondu à l’appel à manifester d’un extrémiste de droite violent », écrit aussi Dominic Johnson, chef de la rubrique « international » du journal allemand Taz.

Il note que le meurtre du militant d’extrême droite Charlie Kirk, quelques jours plus tôt aux États-Unis, a nourri une rhétorique où ces extrémistes se considèrent comme défenseurs de la liberté d’expression. « Mais la liberté d’expression ne signifie pas la liberté d’inciter à la haine », rappelle le média allemand.

Des figures de l’extrême droite internationale ont alterné les prises de parole à l’issue de la marche londonienne du 13 septembre. Parmi elles, le Français Eric Zemmour, ou encore Elon Musk, qui « dans un discours virtuel bizarre, carrément dystopique et souvent inexact sur le plan factuel, a exhorté les participants à ”riposter” contre leurs ennemis politiques », décrit le média américain Mother Jones. Le patron de Tesla a ajouté, depuis l’écran où son intervention était retransmise : « Que vous choisissiez la violence ou non, la violence viendra à vous. »

Sans action sur la vie quotidienne, ce mouvement va grandir

La journaliste du Guardian Helen Pidd s’est rendue sur place. Elle raconte ses échanges avec des manifestantes, qu’ils se réclament ouvertement d’extrême droite ou non. Et elle retranscrit une phrase de l’organisateur de la marche : « Ils ont essayé de nous réduire au silence pendant 20 ans en nous collant des étiquettes. “Raciste”, “islamophobe”, “extrême droite”. Elles ne fonctionnent plus ! »

La journaliste se questionne : « Lorsque l’extrême droite devient la droite dominante, quel langage utiliser pour décrire ce qui se passe ? Comment la situation a-t-elle conduit tant de personnes à se sentir ignorées, frustrées et en colère ? Tant que les problèmes du système de santé, des écoles, du prix du carburant, ne seront pas réglés, ne je ne vois pas comment ce mouvement pourrait faire autre chose que prendre de l’ampleur. »

Dans les sondages, le parti d’extrême britannique droite Reform UK atteint des sommets, à 31 % d’intentions de vote au lendemain de la manifestation le 14 sepetmbre, contre seulement 21 % pour les travaillistes au pouvoir, et 17% pour les conservateurs.