La guérilla parlementaire contre le changement de statut de La Poste bat son plein au Sénat. 631 amendements ont été déposés. En cinq jours de joutes verbales et procédurières, les sénateurs en sont à discuter de l’article 2 d’une loi qui en compte 26. Objectif de l’opposition : retarder le plus possible l’adoption du texte pour accorder davantage de temps aux mobilisations citoyennes en faveur du maintien du service public et d’un référendum sur le sujet. Ce pari est en passe d’être gagné. Si les sénateurs de gauche (PS, PC, Verts, PG) tiennent jusqu’au dimanche soir 8 novembre, la discussion sur le texte pourrait être repoussée de plusieurs semaines, voire de plusieurs mois, à cause d’un calendrier parlementaire lourdement chargé.
C’était sans compter sur un étrange rebondissement. Le 5 novembre, dans l’après-midi, les sénateurs socialistes décident curieusement de retirer une partie de leurs amendements, facilitant ainsi l’avancée des débats. Comme si, soudainement, ils abandonnaient le champ de bataille en pleine mêlée. Dans la foulée, un amendement déposé par les élus écologistes, propose d’instituer, dans le cas de sa transformation en Société anonyme, un droit de préemption de l’Etat sur toutes cessions d’actions de La Poste par d’autres actionnaires, comme la Caisse des dépôts ou les salariés. C’est une sorte de filet de sécurité si la loi est finalement votée, et une manière de tester la sincérité du gouvernement sur sa promesse de ne pas procéder à une privatisation, même partielle. Alors que l’amendement a des chances d’être voté, le gouvernement lâchant la bride à ses troupes de sénateurs, les 110 élus PS refusent de prendre part au vote… Laissant seuls les 24 communistes et les cinq verts.
Michel Teston, sénateur socialiste de l’Ardèche, et chef de file du groupe PS dans cette guérilla postale,craint-il alors de soutenir un amendement qui aurait pu passer pour un compromis ? Ou les élus socialistes, après avoir, en début de semaine, fait mine devant les caméras de vouloir en découdre, souhaitent-ils passer un week-end au calme ? Une hypothèse inquiétante... La guérilla parlementaire pour défendre le service public postal se transformerait-elle en bal des hypocrites ?