« Il est surprenant qu’un des candidats européens vienne d’un paradis fiscal », s’est étonné l’économiste Thomas Piketty, lors d’une interview pour le site Euractiv. Jean-Claude Juncker en l’occurrence, qui a été Premier ministre du Luxembourg pendant… 18 ans (de 1995 à 2013) ! Il est aujourd’hui soutenu par le Parti populaire européen, qui regroupe les partis conservateurs, dont l’UMP en France. « Je trouve étonnant qu’un des camps ait choisi le représentant du Luxembourg, qui est objectivement devenu un paradis fiscal. Il y a 30 ou 40 ans, la richesse de ce pays reposait sur l’industrie. Aujourd’hui, elle est construite sur un secteur financier dont une partie correspond à une plateforme de défiscalisation pour les sociétés des autres pays européens. C’est le contraire absolu de la coopération économique et sociale », a commenté Thomas Piketty (lire l’interview).
Le Luxembourg était classé 2e « meilleur paradis fiscal » (World’s Best Tax Havens) en 2010 par le magazine Forbes, devant la Suisse et les îles Caïmas et derrière l’Etat du Delaware (Etats-Unis). En 2008, le Luxembourg avait été placé sur la liste grise des paradis fiscaux de l’Organisation de coopération et développement économiques (OCDE). Un rapport du Groupe d’action financière (Gafi, qui regroupe 34 Etats ainsi que la Commission européenne) pointait encore, en 2012, les lacunes luxembourgeoises en matière « de lutte contre le blanchiment de capitaux » et contre le « financement du terrorisme ». Qu’en pense l’UMP de Jean-François Copé ?
Dessin : Rodho (voir son blog)
Texte : Ivan du Roy