70 heures : c’est, en moyenne, le temps de travail hebdomadaire « global » des femmes européennes occupant une activité professionnelle à temps plein, soit le tiers d’entre elles. Ce « temps de travail global » prend en compte le temps de travail rémunéré et le temps de travail non rémunéré : les tâches ménagères, les soins aux enfants et aux adultes dépendants... Ce calcul a été réalisé par la fondation de Dublin, qui publie tous les cinq ans une enquête sur les conditions de travail en Europe [1].
Ce calcul met en évidence le fait que les femmes travaillent en réalité bien davantage que les hommes. Ceux-ci ont des horaires plus lourds en moyenne, mais en majorité dans le cadre de leur emploi rémunéré. Si les célibataires sans enfants travaillent 48 h par semaine, quel que soit leur sexe, la vie de couple marque un premier palier de progression vers l’inégalité. Alors que le temps de travail global des hommes grimpe d’une heure, celui des femmes augmente de six heures, pour arriver à 54 h hebdomadaires. Quand les couples ont des enfants, le travail global s’accroît encore : plus 70 heures de labeur pour les mères, contre 59 h pour les pères.
Le précédent rapport de la Fondation, publié en 2005, révélait que même les femmes qui occupent un emploi à temps partiel [2] travaillent au total deux heures de plus par semaine que les hommes embauchés à temps plein ! Elles utilisent en effet les heures gagnées sur le travail rémunéré pour prendre soin de leur famille et s’atteler aux courses, ménage, et autres réjouissances quotidiennes. Ce qui n’est pas le cas des hommes à temps partiel, qui consacrent encore moins d’heures à leurs enfants et aux tâches ménagères que ceux qui travaillent à plein temps. Le constat est d’autant plus alarmant qu’il ne se base que sur la population occupant un emploi. Étendue aux personnes sans profession (avec une majorité de femmes au foyer), les enquêtes de la Fondation risqueraient de mettre en évidence des inégalités de genre encore plus cruelles.