« En France, selon le bilan de la Sécurité sociale, il y a eu au moins 1227 morts au travail et du travail en 2022 – soit trois par jour – dont 738 morts au travail, traitées le plus souvent comme des faits divers », souligne la CGT dans un appel. Pour autant, ces chiffres ne reflètent pas la réalité : le régime agricole, les régimes spéciaux, la fonction publique et les travailleuses et travailleurs indépendants ne rentrent pas dans les statistiques. Ainsi, l’hebdomadaire Politis a compté au moins 903 morts au travail en 2022 en compilant les différents régimes de sécurité sociale.
La CGT rappelle que, cette année-là, 36 jeunes de moins de 25 ans ont perdu leur vie au travail. « C’est un bilan désastreux pour le gouvernement, qui défend l’entreprise comme lieu d’apprentissage tout en refusant de prendre en compte la réalité du travail et ses conséquences – notamment pour ces jeunes dont plus de la moitié avait moins d’un an d’ancienneté. »
« La formation tout au long de la vie et la transmission de connaissances sont un enjeu important dans la réduction des risques, explique la sociologue Véronique Daubas-Letourneux dans un entretien à Basta!. Cependant, la précarité de l’emploi empêche une meilleure connaissance des procédures de sécurité, notamment pour les jeunes, qui sont statistiquement plus touchés par les accidents du travail. »
À ces morts s’ajoutent des milliers d’accidents graves occasionnant des séquelles durables et entraînant souvent un licenciement pour inaptitude. « Dans une grande majorité des cas, ces accidents, chutes, écrasements, cisaillements, électrocutions résultent d’un manquement de l’employeur qui n’a pas respecté les dispositions du Code du travail, relève la CGT. L’employeur est responsable de la santé et de la sécurité des salarié
es. La liberté d’entreprendre ne doit pas se substituer aux obligations de protéger la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs. »En vue de la journée internationale de la santé et la sécurité au travail (le 28 avril), la CGT énumère différentes revendications « pour arrêter l’hécatombe de morts et d’accidents au travail » :
- le renforcement de la protection des travailleur ses et le respect du droit de retrait ;
- une politique pénale du travail sévère et des condamnations des employeurs responsables d’accidents graves au travail ;
- l’interdiction du recours à la sous-traitance pour les activités à risques et le renforcement des responsabilités et la condamnation des donneurs d’ordre ;
- un renforcement de la réglementation pour protéger la santé et la sécurité des salarié es ;
- le rétablissement et l’évolution des CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), outil de proximité et de prévention par excellence ;
- un nombre suffisant d’inspecteur ices du travail, le renforcement des effectifs de contrôleur ses Carsat (Sécurité sociale) et l’élargissement de leurs prérogatives coercitives (arrêt de chantiers et travaux dangereux) ;
- l’indépendance de tou tes les acteur ices de la santé au travail, y compris des médecins du travail et des équipes des Services de prévention et de santé au travail interentreprises (SPSTI).
– Retrouvez la liste des rassemblements et actions organisés partout en France le 25 avril.
Photo : Sur un chantier du Grand Paris, à Saint-Denis/©Pierre Jequier-Zalc.