Vidéo : qui sont les premiers journalistes d’investigation ?

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Au début du XXe siècle aux États-Unis, apparaissent les premiers journalistes d’investigation, surnommés les « ratisseurs de boue ». Explications vidéo avec Olivier Petitjean, co-directeur de l’ouvrage Multinationales, une histoire du monde contemporain, paru à La Découverte.

par Lisa Damiano

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La contestation du pouvoir des multinationales ne date pas d’hier. De leur émergence jusqu’à aujourd’hui, les journalistes d’investigation ont toujours joué un rôle important pour mettre en lumière leurs abus. Parmi les pionniers du journalisme engagé, il y a ceux qu’on appelle les « muckrakers », au début du 20e siècle aux États-Unis. « Muckrakers » signifie littéralement « ratisseurs de boue ». Autrement dit, les « fouille-merdes ». Ces journalistes écrivent dans des magazines prestigieux de l’époque comme McClure’s Magazine. Et observent la montée en puissance des grands trusts industriels comme la Standard Oil, le géant pétrolier du multi-milliardaire Rockefeller, de General Electric ou United Fruit.

Enquêtes sur les multinationales naissantes

Parmi ces muckrakers, il y a Ida Tarbell, fille d’une enseignante et d’un ouvrier du pétrole qui a grandi en Pennsylvanie. Elle publie une série d’articles dénonçant les méthodes de John D. Rockefeller dans l’industrie pétrolière naissante. Un autre, Ray Stannard Baker, couvre les grandes grèves ouvrières et enquête sur le monopole de la US Steel (dans la sidérurgie) que vient de créer le puissant financier JP Morgan. On peut aussi citer le romancier Upton Sinclair, qui se fait embaucher dans les abattoirs de Chicago, plaque tournante de l’industrie de la viande. En 1906, son roman La Jungle dénonce les déplorables conditions sociales et sanitaires qui y règnent. Le livre fait scandale et mène aux premières régulations de l’industrie.

L’âge d’or des ratisseurs de boue prend fin rapidement en raison des représailles des milieux d’affaires. Ils ont cependant contribué à alerter la société américaine et les pouvoirs publics sur la puissance des trusts.

Les lanceurs d’alerte, les journalistes d’investigation d’aujourd’hui perpétuent cet héritage. Par exemple dans les années 1990, quand ils vont enquêter dans les usines asiatiques qui produisent des vêtements ou des équipements pour Nike ou Gap, qu’on appelle les « sweatshops ». Ou dans les années 2010 avec les grandes révélations sur l’industrie de l’optimisation fiscale, avec les Panama Papers et autres Luxleaks.

Cette histoire est à retrouver dans le livre Multinationales, une histoire du monde contemporain, paru à La Découverte, et en librairie depuis le 13 février.