Pollutions

Chlordécone aux Antilles : manifestation le 28 octobre pour obtenir « vérité et réparations »

Pollutions

par Rédaction

Suite au non-lieu dans l’enquête sur l’empoisonnement des Antilles au chlordécone rendu par la Cour d’appel de Paris, une manifestation est prévue samedi 28 octobre à Paris, en soutien aux mobilisations en Martinique.

Le chlordécone, insecticide interdit depuis 1975 aux États-unis, n’a jamais été utilisé en France métropolitaine. Dès 1979, le Centre international de recherche sur le cancer a classé la chlordécone comme cancérigène possible pour l’être humain. Pourtant, cet insecticide a été utilisé aux Antilles au moins jusqu’en 1994 dans les plantations de bananes, et « a empoisonné toute la population antillaise, qu’elle vive en Guadeloupe, en Martinique ou ailleurs du fait de déplacements forcés » soulignent des organisations syndicales et associatives dans un communiqué unitaire.

Elles appellent à manifester à Paris le 28 octobre, en soutien aux mobilisations en Martinique qui se tiennent la semaine du 22 au 28 octobre. « Ce pesticide a aussi pollué les terres, et donc la production agricole, la mer, l’eau et, ce, pour plusieurs siècles ! »

« À l’évidence, l’État français a laissé faire en soutenant explicitement le lobby des planteurs, rendant malades notamment trop de travailleuses et travailleurs alors que la dangerosité du chlordécone était établie depuis des dizaines d’années, précisent les organisations. Ce sont des familles entières qui ont été contaminées. » Aujourd’hui, ce produit est détecté dans le sang de 90% de la population adulte. « Outre les maladies, nous déplorons et dénonçons un nombre important de décès. » La Guadeloupe enregistre le plus haut taux de cancer de la prostate au monde, en particulier chez les travailleurs des bananeraies.

Un non-lieu synonyme d’« injustices »

Suite à des dépôts de plaintes, un non-lieu dans l’enquête sur l’empoisonnement des Antilles au chlordécone a été rendu par la Cour d’appel de Paris début 2023. Dans leur ordonnance, les juges reconnaissent cependant un « scandale sanitaire » et considèrent qu’il s’agit « probablement du premier dossier judiciaire à traiter d’une pollution d’une telle ampleur ».

Ce non-lieu « démontre une nouvelle fois les injustices et discriminations subies par le peuple antillais », critiquent les organisations syndicales et associatives mobilisées. « Il s’agit bien d’un empoisonnement destructeur de biens et de ressources naturelles pour faire de la surproduction de bananes de manière attentatoire à la santé des populations ; une surproduction qui s’est faite au détriment de l’autosuffisance alimentaire, ajoutent-elle. Au-delà de cette décision de justice qui exonère des responsabilités politiques de celles et ceux qui gouvernaient, elle ne veut surtout pas condamner les responsables de cet empoisonnement à grande échelle. »

« Reconnaissance des responsabilités »

Du 22 au 28 octobre, plus de trente organisations syndicales, associatives et politiques de la Martinique organisent une semaine de mobilisations sur le sujet. Le point d’orgue est une manifestation prévue le samedi 28 octobre.

« Les pouvoirs publics doivent réparer ces injustices par une reconnaissance d’exposition aux pesticides, demande l’appel. Hier comme aujourd’hui, ces mêmes pouvoirs publics doivent assurer une agriculture saine et une eau potable pour toutes et tous, vivant dans ces territoires ou y étant de passage. Nous condamnons, avec fermeté, cet empoisonnement à grande échelle de la population antillaise. Nous appelons à construire une mobilisation et un rapport de forces de haut niveau. Il s’agit, ensemble, d’obtenir la reconnaissance des responsabilités, la réparation des maux causés, le droit à la santé dans un environnement sain. »

Informations pratiques : La manifestation samedi 28 octobre à Paris débutera à 14 h au kiosque de la Place de la Nation

Premiers signataires :

  • Liste syndicale : Confédération Générale des Travailleurs (CGT) - L’Union syndicale Solidaires - Confédération Nationale des Travailleurs (CNT) - Fédération Syndicale Unitaire (FSU), Réseau Eco Syndicaliste (RES), Confédération Paysanne, Solidaires Guadeloupe...
  • Liste associative : Comité d’Organisation du 10 Mai,(C-O10MAI) - LP-U, (Ligue Panafricaine-Umoja) - MIR FRANCE (Mouvement International pour les Réparations) - , Mouvement des Jeunes Kanaks de France (MJKF) - Collectif Jistis pou Klodo - Coordination 75 des Sans-Papiers (CSP75) - de la Coalition Internationale des Sans-Papiers et Migrants (CISPM ) - Droits Ici Et Là-bas (DIEL) - Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS) - Collectif des Luttes Sociales et Environnementales (CLSE) - Collectif Vietnam-Dioxine (CVD), - Fondation Copernic - Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne (ATTAC) - Conseil Représentatif des Associations Noires (CRAN) - Observatoire Terre-Monde (OTM)...
  • Liste médias : Radio Dôobôot et Radio Tanbou Manmay Lévé, FPP 106.3Fm...

Photo de une : bananeraie en Guadeloupe / © Samy Archimède