Depuis décembre dernier, un collectif, Les Vergers du turfu, remet en culture une parcelle de pommiers laissée à l’abandon à Sablons, en Isère. Ce verger fait partie d’un ensemble de parcelles rachetées par le Syndicat mixte de la zone industrialo-portuaire de Salaise/Sablons. Il sert de « mesure compensatoire des atteintes à la biodiversité » pour le projet Inspira 2000 qui vise à agrandir de 300 hectares cette zone industrielle. Cette dernière devrait accueillir de nouvelles entreprises chimiques, gazières, d’incinération ainsi que des plateformes logistiques.
« C’est la double peine : bétonner des terres agricoles, et compenser en prélevant d’autres terres agricoles », dénonce le collectif qui appelle à une cinquième journée de chantier le samedi 24 juin afin de maintenir la vocation agricole de la parcelle. Les promoteurs de la zone industrielle entendent en effet raser ces pommiers pour céder la place à une forêt alluviale.
Lors de l’enquête publique sur Inspira 2000 réalisée en 2018, les trois commissaires-enquêteurs ont écrit être « surpri[s] par les nombreuses fausses mesures compensatoires » dédié à des milieux qui soit ne sont pas menacés, soit sont déjà préservés et pour lesquels elles n’apporteront aucun gain significatif, voire risqueraient de perturber la biodiversité [1]. Dans leur avis défavorable, ils préconisent notamment de reprendre entièrement le dossier « sur la base d’un projet mieux dimensionné, bien mieux compensé, et bien plus protecteur des tiers ».
Dans le cadre de la journée d’actions du 24 juin, un débat est organisé à 16h30 au cours duquel l’économiste Maxime Combes et Sophie Chapelle, journaliste à basta!, interviendront sur les compensations écologique et carbone, sujet sur lequel la rédaction enquête depuis des années.
Photo de Une : ©Laurent Guizard