26-29 février

Semaine de mobilisations contre l’Organisation mondiale du commerce

26-29 février

par Rédaction

Alors que des ministres du monde entier participent du 26 au 29 février à la conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce, la Via Campesina appelle à une mobilisation pour des prix justes et une transition vers l’agroécologie.

La 13e conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est prévue du 26 au 29 février prochain à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis. La Via Campesina, mouvement paysan mondial, appelle ses membres dans tous les pays à descendre dans la rue [1] et à se mobiliser contre l’OMC, « en dénonçant les politiques néfastes qu’elle a imposées au cours des trois dernières décennies ».

« Notre lutte collective pour un commerce équitable, des prix justes pour les produits, une transition significative vers l’agroécologie paysanne et la défense de la terre, de l’eau et des forêts constitue en fin de compte une bataille contre le système économique néolibéral promu par l’OMC », défend l’appel.

Les négociations alimentaires et agricoles lors de cette 13e conférence doivent notamment porter sur la constitution de stocks publics, en suspens depuis 2013. Pour rappel, un des rôles majeurs dévolus aux États a été de prévenir les crises alimentaires, notamment en constituant des stocks publics pour les années de mauvaises récoltes.

En remettant ces stocks sur le marché lors des périodes tendues et en les (re)constituant lors des années de très bonnes récoltes, ces politiques publiques permettaient de limiter les fluctuations de prix. Or, les règles actuelle de l’OMC ne permettent pas la mise en œuvre de politiques basées sur des stocks régulateurs.

Pays du Sud ignorés

« Les subventions substantielles fournies par les pays développés du Nord global à leurs agro-industries, et les subventions à la pêche industrielle ainsi que le traitement spécial et différencié demandé par les pays en développement pour protéger la pêche artisanale », devraient aussi être à l’ordre du jour selon la Via Campesina. « Ces questions font l’objet de discussions depuis plusieurs années, mais l’OMC a démontré à plusieurs reprises son manque de pertinence en ne tenant pas compte des demandes et des aspirations d’une grande partie des pays du Sud et des petites exploitantes agricoles du monde entier, ajoute le mouvement. Au lieu de répondre à ces préoccupations, l’OMC n’a fait qu’engendrer et aggraver les crises de la faim dans le monde, de l’extrême pauvreté, des conflits agraires et de la crise alimentaire. »

À la fin des années 1980, l’agriculture est devenue l’un des enjeux majeurs des négociations commerciales internationales. D’abord dans le cadre de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (Gatt), puis au sein de l’OMC et enfin dans les traités bilatéraux et régionaux négociés depuis 30 ans. Le cycle de négociations dit de « l’Uruguay » (1986-1994), qui se solde par la création de l’OMC, donne le jour à un accord sur l’agriculture.

Les subventions aux exportations doivent être bannies, les droits de douane réduits. Plus généralement, ce sont les mesures qui permettent de réguler les marchés agricoles, de stabiliser les prix, de constituer des stocks publics alimentaires qui sont dans le viseur au nom d’une concurrence « loyale » sur les marchés mondiaux.

Pour l’autonomie et l’autosuffisance des économies locales

« Au cours des 30 dernières années, notre mouvement mondial n’a cessé de mettre en évidence les effets néfastes de l’OMC et le rôle qu’elle joue dans l’affaiblissement et la marginalisation des économies paysannes et rurales du monde entier », souligne l’appel de la Via Campesina. « L’accord sur l’agriculture, sous couvert d’"État de droit", a été le principal outil par lequel l’OMC a imposé des réformes néolibérales à l’échelle mondiale, uniquement pour élargir l’accès au marché pour les grandes entreprises du Nord, et les entreprises agroalimentaires basées dans d’autres pays orientés vers l’exportation. »

Dans son appel, la Via Campesina réitère son opposition à tous les accords de libre-échange qui mettent en péril la souveraineté alimentaire d’un pays, sapent l’autonomie et l’autosuffisance des économies locales et ont des effets négatifs sur la vie, les conditions de vie et les salaires des travailleuses et travailleurs agricoles.

« Nous demandons un cadre commercial international fondé sur les principes de solidarité, de justice sociale, d’internationalisme et de souveraineté alimentaire. Nous exigeons un cadre qui s’aligne sur les garanties mentionnées dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysannes et autres personnes travaillant dans les zones rurales. »

 Plus d’informations à venir : viacampesina.org

Photo : « Plus de libre échange = moins de fermes »/©Via Campesina

Notes

[1La Via Campesina compte 182 organisations dans 81 pays d’Afrique, d’Afrique, d’Asie, d’Europe et des Amériques et représente environ 200 millions de petits producteurtrices alimentaires.