Monsieur le Président,
Entre mars et juin 2018, 2816 personnes hébergées sur Paris voient leur centre fermer sans propositions sérieuses et globales d’hébergement [1].
Vous annonciez fin juillet 2017 lors d’un discours à Orléans que vous ne vouliez plus, d’ici la fin d’année « avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ». Force est de constater non seulement l’échec de cette promesse et l’aggravation de la situation.
Pire, les coupes budgétaires annoncées de 80 millions d’euros dans le secteur de l’hébergement d’urgence sur l’année 2018 menacent la qualité de l’accueil et de l’accompagnement. Dans le même temps, votre gouvernement n’engage aucune action permettant l’utilisation des multiples espaces vacants en Ile-de-France.
Face à ce constat, nous, citoyens engagés, dénonçons le double discours de votre gouvernement dont les orientations contredisent les promesses électoralistes d’hier. Nous demandons une réaction rapide permettant à ces milliers de personnes d’avoir, encore demain, un toit et une insertion sociale possible.
Nous formulons trois demandes urgentes, pour repartir du bon pied.
1/ Garantir le respect de la loi ;
Pour respecter le code de l’action sociale et des familles, les pouvoirs publics sont dans « l’obligation de proposer des solutions d’hébergement adaptées à la situation de chacun » [2]. Nous demandons que chaque personne concernée se voit proposer des solutions d’hébergements dignes dans les meilleurs délais.
2 / Revenir à un niveau de financement des centres d’hébergement acceptable ;
L’annonce d’une coupe budgétaire de 80 millions d’euros impactant l’ensemble des solutions d’hébergement pour l’année 2018 en Ile de France menace directement les conditions d’accueil et le respect de la dignité humaine. Elle réduit les chances de réinsertion sociale et professionnelle des personnes les plus fragiles. Nous demandons de revenir sur cette annonce et de revaloriser le financement des centres d’hébergement dans leurs missions d’accompagnement vers l’insertion sociale.
3/ Faciliter l’accès aux espaces vacants ;
Pour rappel, l’Atelier Parisien d’Urbanisme recense en 2017, 205000 logements inoccupés à Paris - sans compter les bureaux, équipements, hôpitaux, casernes…
Pour exemple, une expérience comme celle des Grands Voisins ( vaste mouvement d’occupation temporaire dans un ancien hôpital parisien, ndrl) est la preuve, depuis 2015, que l’accueil de personnes vulnérables en centre-ville est générateur de nouvelles solidarités [3]. Lorsque cet accueil est couplé avec des activités associatives et artistiques, il devient le témoin d’une nouvelle attractivité de quartier et d’un développement économique local.
Nous demandons que ces dispositifs innovants puissent être entendus par votre gouvernement comme une réponse possible à dupliquer dans les espaces vacants afin de réduire l’urgence sociale actuelle tout en permettant l’existence d’expériences urbaines innovantes.
#SansToitpasSansNous, collectif citoyen
Pour signer la pétition, voir ici.
Photo : CC FUMIGRAPHIK_Photographist