« Voici une idée que vous jugerez certainement irréaliste, car cela nécessiterait une unité et une solidarité nationales, au-delà des divergences syndicales et professionnelles…, nous écrivait un lecteur il y a quelques semaines. Le principe serait de lancer un mouvement de grève uniquement dans les secteurs d’activités susceptibles de bloquer l’économie du pays. Dans le même temps, une caisse de solidarité serait créée avec appel national aux dons afin d’indemniser les grévistes. » Le principe existe bel et bien déjà et s’appelle la « caisse de grève ».
Les caisses de grève avaient déjà joué un rôle central dans le mouvement contre la réforme des retraites de 2019. Elles avaient alors collecté plusieurs millions d’euros pour aider les grévistes mobilisés à tenir dans la durée. Cet élan solidaire est à nouveau à l’ordre du jour aujourd’hui, contre la nouvelle réforme des retraites d’Emmanuel Macron, qui veut relever l’âge de départ à 64 ans.
Des caisses de solidarité pour les grévistes, il en existe depuis le 19e siècle déjà. La CFDT en a une permanente, la Caisse nationale d’action syndicale, tout comme Force ouvrière avec son fonds de solidarité de grève confédéral.
En 2016, au moment des mouvements de grève reconductibles liés à la loi travail, la CGT Infocom (fédération du syndicat qui regroupe les professions de l’informatique, les journalistes, etc.) avait créé une caisse de grève interprofessionnelle et intersyndicale sous forme d’association, la Caisse de solidarité.
« Ne pas favoriser la grève par procuration »
Cette caisse a depuis soutenu de multiples mouvements : celui contre la réforme des retraites de 2019 évidemment, mais aussi les grévistes de Geodis ou de Total à l’automne dernier (toutes les grèves soutenues sont mentionnées sur cette page). La Caisse de solidarité est à nouveau à pied d’œuvre face au mouvement actuel. Depuis 2016, elle a récolté plus de 4,7 millions d’euros, et a aujourd’hui plus de 800 000 euros disponibles en soutien aux grèves contre la réforme des retraites version 2023.
La CGT a aussi lancé sa propre caisse de grève pour le mouvement, « pour gagner une réforme des retraites plus juste et plus solidaire ». Celle-ci a déjà réuni plus de 700 000 euros.
« La grève est un outil puissant dans les mains des travailleuses et des travailleurs. Évidemment, la grande difficulté pour les salarié
es, c’est la perte de revenu, souligne le syndicat Solidaires. C’est dans ce cadre que les caisses de grève peuvent être un outil important de la lutte… si on prend bien garde à ne pas favoriser la grève par procuration, où certain es feraient grève, tandis que d’autres alimenteraient les caisses plutôt que la grève ».La fédération Solidaires de l’Éducation nationale a notamment mis en place une caisse spécifique pour les grévistes du secteur. Il existe par ailleurs des caisses de grève locales de Solidaires. Le site « Caisses de grèves autogérés » recense aussi une multitude de caisse de grèves sectorielles ou locales.
Les différentes caisses où on peut donner
– La caisse en ligne de la CGT ou par chèque via le site de la CGT.
– La Caisse solidaire interprofessionnelle et intersyndicale
– La caisse de grève des chauffeurs poids lourd de la propreté de Paris
– La caisse de Sud-Éducation
– Tous les liens des caisses locales de Solidaires sont à retrouver ici
– La caisse de Sud-Rail
– Caisse de grève queer
– La caisse de grève mise en place par la France insoumise
– Le site qui recense différentes caisses de grèves
Photo de une : À Paris en janvier/©Anne Paq.