Alors que la Commission européenne exige de la France des explications sur sa politique de prévention des « marées vertes », un décret publié le 11 octobre au Journal officiel vient encourager l’épandage, qui contribue à la prolifération des algues vertes. Les agriculteurs pourront désormais déverser fumiers et lisiers non plus sur la surface potentiellement épandable (SPE) mais sur la totalité de la surface agricole utile (SAU). Ce qui risque d’augmenter de 20 % les quantités d’azote épandues sur les sols. Ainsi que les masses d’algues vertes, parfois mortelles, qui jonchent les côtes bretonnes en saison estivale.
Le député Europe Écologie-Les Verts (EELV) François de Rugy estime que ce décret est une « véritable provocation ». Il a demandé sa suspension au ministère de l’Écologie. Jean-Yves Le Drian, président (PS) du conseil régional de Bretagne, a demandé au gouvernement « de retirer sans délai » le décret : « On ne peut pas dire, d’un côté, que l’on veut résoudre le problème des marées vertes et, de l’autre, assouplir les conditions d’épandage. Avec de tels signaux, le gouvernement prend le risque de relancer le contentieux avec les autorités européennes. » L’association Eau & rivières de Bretagne considère de son côté que le décret viole les principes constitutionnels de précaution et d’action préventive, et ignore les recommandations de la Cour des comptes. Elle prévoit d’engager un recours devant le Conseil d’État pour faire annuler ce décret.