L’incendie de la cathédrale de Notre-Dame a entraîné le rejet de particules de plomb. C’est la préfecture de police de Paris qui l’affirme dans un communiqué publié conjointement avec l’agence régionale de santé ce lundi 29 avril. Où et dans quelles quantités ? Les valeurs enregistrées n’ont pas été précisées, pas plus que les endroits touchés. Il est simplement spécifié que du plomb a été retrouvé « notamment dans des locaux qui ont pu être laissés ouverts au moment de l’incendie et où se sont déposées des poussières ».
« De nombreuses particules toxiques ont été rejetées », complète l’Association des familles victimes du saturnisme (AFVS). Et pour cause : la seule flèche de la cathédrale contenait 250 tonnes de plomb. Certaines de ces particules sont restées sur place, d’autres ont été emportées par le vent. « Tout laisse à penser que certaines de ces particules toxiques se sont déposées sur le sol et dans l’eau, venant s’ajouter aux diverses pollutions entraînées par l’eau utilisée par les pompiers pour maîtriser l’incendie, contaminant ainsi la Seine. ».
Les pompiers, policiers et personnels de déblaiement sont les premiers concernés
L’essentiel du risque d’intoxication au plomb est lié à des expositions prolongées, affirme la préfecture de police. « Les intoxications aigües sont très rares et se situent dans des contextes (généralement professionnels) différents de ceux de l’incendie. Aucune de ces intoxications n’a été signalée dans les jours suivant l’incendie. » L’AFVS est beaucoup moins optimiste : « Sans signe clinique spécifique, le saturnisme ne peut être diagnostiqué qu’à partir d’une prise de sang (plombémie), réalisée sous prescription médicale. » L’association demande la mise en place de centres d’information et de services de dépistage habilités à effectuer ces prises de sang.
L’AFVS s’inquiète tout particulièrement des conséquences « pour les personnes qui se rendent dans la zone du sinistre, a fortiori, pour celles qui y ont travaillé, y travaillent ou y travailleront (pompiers, policiers, personnels de la cathédrale, des secours et du déblaiement, travailleurs du bâtiment…) ». La préfecture conseille aux personnes inquiètes de demander conseil à leur médecin traitant. Mais « il ne suffit pas de renvoyer chacun à son médecin traitant, car nombre des médecins n’ont reçu aucune formation concernant ce type de risque sanitaire », répond l’association Henri-Pézérat, qui soutient les luttes sociales concernant la santé des personnes en lien avec le travail et l’environnement.
Éviter une catastrophe sanitaire
« À l’évidence, toute intervention sur le site doit être menée dans les conditions d’un chantier contaminé par le plomb et un suivi médical continu et gratuit des travailleurs concernés doit être organisé », ajoute l’association Henri-Pézérat, qui voudrait éviter une catastrophe sanitaire analogue à celle du World Trade Center. Lors de l’attaque du World Trade Center à New York en septembre 2001, les autorités sanitaires états-uniennes n’avaient pas jugé utile d’alerter sur les risques de contamination par l’amiante, le plomb et autres substances chimiques toxiques, répandus sur le site et bien au delà. Les pompiers et travailleurs impliqués dans les opérations au World Trade Center souffrent encore aujourd’hui de divers problèmes de santé, parfois très graves, notamment cancers, maladies respiratoires, troubles gastro-intestinaux [1].
Alors que la préfecture de police de Paris promet qu’un protocole de suivi sera mis en place par les autorités sanitaires, incluant notamment « la poursuite de prélèvements de contrôle dans les prochains mois », l’AFVS exige que des analyses de l’air, des sols et de l’eau soient très rapidement réalisées et publiées, y compris dans les logements, bureaux et boutiques du quartier de Notre-Dame, mais également en régions, et « que les résidus de plomb (et des autres matières toxiques) restés à l’intérieur de la cathédrale soient traités et déblayés avec les précautions et les protocoles qui s’imposent ».