Le RSA est-il, pour vous, une bonne chose ?
La mesure se base sur un postulat erroné. On suppose que les gens éloignés de l’emploi ne travaillent pas parce qu’ils arrivent mieux à vivre avec les revenus d’assistance. C’est faux. Beaucoup travaillent à perte. Le premier problème des chômeurs c’est qu’ils ne trouvent pas d’emplois. Le RSA est un système simplifié qui cumule RMI, allocation parent isolé et revenus d’activité. Le flou règne sur le sort de ceux qui ne retravailleront pas. Leurs droits connexes - CMU, exonération de la taxe d’habitation et de redevance télé, allocation logement - seront-ils maintenus ?Enfin, reprendre un emploi, d’accord, mais quel emploi ? Les patrons ne sont pas incités à créer des emplois pérennes à des salaires corrects, et on fait payer la collectivité. C’est un non-sens.
Dans les expérimentations mises en oeuvre, existe-t-il des initiatives plus intéressantes ?
Le projet de départ était beaucoup plus ambitieux mais a été affaibli pour satisfaire aux exigences de l’UMP. Martin Hirsch souhaitait que les employeurs soient davantage impliqués. Le Conseil général du Territoire de Belfort a, par exemple, mis en place un Contrat d’accès à l’emploi qui exige des employeurs un véritable engagement en échange d’une aide mensuelle de 450 € : le contrat dure 18 mois, avec un salaire minimum au Smic, et alterne période de travail et formations. L’employeur s’engage ensuite à embaucher le bénéficiaire pour un CDD de 6 mois minimum. On implique l’employeur et on l’épaule pour recruter des gens qui, au départ, n’ont pas le profil mais peuvent se former sur le tas. L’insertion va de pair avec la pérennisation d’un emploi. Et le système retenu pour le RSA ne résoudra pas le problème de l’exclusion. L’accompagnement n’est pas renforcé. Que va offrir de plus l’ANPE aux demandeurs d’emplois en terme de formation, comparé à ce qui existe déjà ?
Le décret sur « l’offre raisonnable d’emploi » entre en vigueur le 1er octobre, dans l’apathie générale...
C’est dramatique. Cela fait longtemps qu’une personne au chômage ne peut plus retrouver un poste à un salaire équivalent à celui qu’il percevait avant. Les nouveaux paliers de l’Assedic pour obliger à accepter une offre d’emploi - à 95% puis 85% du salaire antérieur - ne font qu’entériner une réalité. Avant, les sanctions étaient graduées, ce qui permettait au contrôleur des Assedic d’avoir moins de scrupules à les appliquer. Désormais, la suspension d’indemnités peut durer deux mois. Les droits et les devoirs des employeurs qui licencient, ceux-là, on ne les connaît pas.
Recueilli par IDR