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En cinq ans, le vote d’extrême droite a considérablement progressé. Selon nos analyses, entre 15 et 56 sièges de député.es pourraient revenir à l’extrême droite, malgré ses divisions. Explications.
Lors de la présidentielle de 2017, Marine Le Pen avait attiré 7,6 millions d’électeurs et électrices dès le premier tour. Lors des élections législatives qui ont suivi, le score du FN (devenu depuis RN) s’était effondré, avec deux fois moins d’électeurs. Le parti de Marine Le Pen avait alors obtenu sept députés à l’Assemblée nationale, plus deux élues affiliées à l’extrême droite. Ce scénario se répétera-t-il en 2022, alors que Marine Le Pen a gagné un demi-million de voix supplémentaires à la présidentielle, tout en étant concurrencée à l’extrême droite par Eric Zemmour (2,5 millions de suffrages) et Nicolas Dupont-Aignan (700 000 voix) ?
Lors des scrutins législatifs, le RN/FN souffre de trois handicaps majeurs : des candidatures locales souvent ineptes, un front républicain et antifasciste qui, jusqu’à preuve du contraire, fonctionne encore, et l’abstention de toute une frange protestataire qui ne vote souvent qu’à l’élection présidentielle. Reste que l’extrême droite a considérablement progressé en cinq ans. Comment cela se traduira-t-il dans les urnes à l’issue des élections législatives des 12 et 19 juin prochains ?
Selon nos analyses, le RN est en mesure de gagner « probablement » une quinzaine de circonscriptions, principalement dans les Hauts-de-France, en Haute-Marne et dans les Pyrénées orientales. 56 autres sièges sont, selon nos analyses, possiblement gagnables par l’extrême droite, principalement dans les Hauts-de-France, en Lorraine, et dans le Sud-Est, dans des circonscriptions où, le plus souvent, le bloc de gauche est relativement faible. Le RN devrait ainsi être en mesure de constituer un groupe parlementaire (15 députés minimum), pour la seconde fois de son histoire [1].
Les divisions de l’extrême droite pourraient entraver sa progression
Les divisions pourraient cependant entraver sa progression. Dans les 56 circonscriptions « possibles », le potentiel électoral de l’extrême droite est haut (il avoisine les 40 %), mais il repose sur le cumul des scores du RN, de Reconquête (Eric Zemmour) et de Debout la France (Nicolas Dupont-Aignan). Dans la plupart d’entre elles, le RN y a systématiquement échoué, parfois de justesse, au second tour des élections législatives de 2017.
A Marseille par exemple, dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône, le candidat frontiste Stéphane Ravier a été battu de quelques centaines de voix en 2012 puis en 2017. En juin prochain, l’extrême droite s’y présentera divisée, entre le RN et Reconquête, que Stéphane Ravier a rallié. Dans le Gard, la 2e circonscription avait été gagnée en 2017 par Gilbert Collard sous les couleurs du RN, avec 130 voix d’avance. Il a lui aussi rejoint Reconquête. Le RN sera-t-il en mesure de préserver ce siège ?
Eric Zemmour, fort de ses 7 % de suffrages exprimés à la présidentielle, se présentera sur la Côte d’Azur, dans le Var (4e circonscription), l’un des endroits où il a réalisé son meilleur score à la présidentielle (14,65%) grâce aux populations très aisées qui y résident (Saint-Tropez et ses environs). La circonscription est historiquement de droite. Il y sera cependant en concurrence avec le RN local, qui s’était qualifié au second tour en 2012 et 2017. Un match à suivre.
Texte :Ivan du Roy
Traitement des données et visualisation : Amélie Canonne, Maeva Le Guennec
Infographie : Christophe Andrieu