Mes amis,
C’est la question que l’on me pose toujours après la projection de mon film [1] : « Et maintenant, comment puis-je agir ? »
Vous voulez un peu d’action ? Vous avez frappé à la bonne porte. Voici quinze choses que vous et moi pouvons faire pour réparer notre système détraqué.
CINQ CHOSES QUE NOUS EXIGEONS DU PRESIDENT ET DU CONGRES
1 – Lancer un moratoire sur les expulsions immobilières.
Plus aucune expropriation. Les banques doivent ajuster les remboursements mensuels de prêts sur ce que valent vraiment les maisons des gens – et sur ce qu’ils peuvent payer. Il doit également être inscrit dans la loi que même en cas de perte d’emploi, personne ne soit expulsé.
2 – Le Congrès doit rejoindre le monde civilisé en étendant le programme Medicare à tous les américains.
Une seule institution à but non lucratif pour gérer les remboursements de frais de soins qui sont la cause numéro un des banqueroutes et des évictions dans ce pays. Le programme « Medicare for all » mettra fin à la misère. La loi qui rendra tout ceci possible porte le numéro H.R. 3200. Mais elle n’est rien sans l’amendement proposé par le Républicain Anthony Weiner et qui porte le numéro H.R. 676. Téléphonez et écrivez à vos représentants au Congrès afin qu’ils soutiennent cet amendement. Soyez intransigeants.
3 – Exigeons des élections financées par le public et l’interdiction des élus quittant leur poste pour faire du lobbying.
Vous avez bien lu. Nos chers membres du Congrès qui sollicitent et reçoivent des millions de dollars de riches intérêts privés doivent retirer toute notion d’argent dans notre processus électoral et législatif. Demandez-leur de soutenir la loi de financement H.R. 1826.
4 – Chacun des 50 Etats doit créer une banque publique sur le modèle de celle existante dans le Dakota du Nord.
Le Congrès doit revenir aux régulations qui étaient vigueur avant la présidence de Ronald Reagan dans le domaine des banques commerciales, des sociétés d’investissement, des assurances – et par extension dans toutes les industries qui ont été ravagées par manque de discipline : les compagnies aériennes, l’agro-alimentaire, les pharmacies, etc. Si le profit est la motivation originelle d’une société, alors celle-ci doit être soumise à un contingent de règles, dont la première doit être de ne laisser personne sur le carreau. La deuxième règle sera d’œuvre pour le bien commun.
5 – Sauvons notre planète fragile en exigeant que toutes les sources d’énergie nous appartiennent en tant que citoyens.
Un peu comme ils le font dans l’Etat socialiste d’Alaska géré par Sarah Palin. Il ne nous reste que quelques décennies de réserve de pétrole. Nous devons, en tant que citoyens, rester propriétaires et maitres de nos ressources naturelles et de notre énergie, ou alors c’est la porte ouverte à encore plus d’anarchie d’entreprises. Quant aux énergies fossiles qui servent à nos transports, nous devons laisser tomber nos propres moteurs et exiger des sociétés qu’elles embauchent à nouveau notre main d’œuvre qualifiée afin de construire des transports en commun de masse (bus propres, métros, trains à grande vitesse) et des voitures non polluantes. Barack Obama, le nouveau PDG de facto de General Motors, doit lancer un gigantesque plan afin de transformer notre pays en une grande nation de trains, de bus et de métros. Il devrait prendre exemple sur l’ambitieux plan spatial de JFK. Après tout, c’est nous qui avons inventé – ou perfectionné – ces moyens de transport en premier !
CINQ CHOSES A FAIRE POUR QUE LE CONGRES ET LE PRESIDENT NOUS ECOUTENT
1 – Nous devons prendre l’habitude quotidienne de prendre cinq minutes pour passer quatre coups de fil.
Le premier pour le Président (dont le numéro est 202 456 1414), le deuxième pour notre représentant au Congrès (202 224 3121) et le troisième et le quatrième pour chacun de nos représentants au Sénat (202 224 3121). Il suffit d’une seule minute pour leur faire savoir ce que vous attendez d’eux sur tel ou tel sujet. N’hésitez pas à leur dire que vous voterez pour leur adversaire, voire pour un représentant d’un autre Parti, s’ils ne tiennent pas compte de vos vœux. Croyez-moi, ils vous écouteront ! Enfin, s’il vous reste cinq minutes, faites-leur un courriel. Et si vous voulez vraiment les effrayer, envoyez-leur une bonne vieille lettre par la Poste !
2 – Reprenez le pouvoir sur l’antenne locale du Parti Démocrate.
Vous souvenez-vous de cet élan entre voisins et amis pour faire élire Barack Obama ? Vous avez réussi l’impossible, il est l’heure de réactiver tout ceci ! Rendez vous aux réunions mensuelles du Parti Démocrate dans votre ville ou votre comté et formez une majorité pour diriger cette antenne. En général, il y a peu de monde à ces réunions, et ceux qui sont présents seront soit ravis soit outrés de voir que vous et vos amis de la Révolution Obama êtes venus pour vraiment changer les choses. L’agenda du Président Obama ne pourra devenir réalité que grâce à ces actions citoyennes collectives. Il a besoin de sentir qu’on le soutient, voire de lui montrer la bonne direction à suivre. Une fois que vous aurez repris le pouvoir dans le Parti, envoyez-moi une photo et je la publierai sur mon site.
3 – Trouvez quelqu’un pour vous représenter au niveau local lors des élections l’an prochain ou mieux : présentez-vous !
Pourquoi toujours élire celui qu’on attend ? Vous pouvez très bien être celui-ci ou celle-ci. Vous n’y croyez pas ? La liste des citoyens lambda devenus représentants s’allonge de jour en jour. Ainsi du Sénateur Deb Simpson, d’Isadore Hall, représentant à l’Assemblée de Californie, Corey Woods, conseiller municipal à Tempe dans l’Arizona, Chris Danou, représentant à l’Assemblée du Wisconsin, ou Larry Seaquist, représentant pour l’Etat de Washington. Il ne manque plus que votre nom !
4 – Montrez-vous ! Manifestez devant les banques qui ont été renflouées par l’état.
Osez la manifestation silencieuse et les marches. Envisagez aussi la désobéissance civile. Vous aussi avez accès aux conseils municipaux. Et faites du bruit, amusez vous, quitte à vous retrouver en une des nouvelles locales ! Plantez des panneaux « Victimes du capitalisme » devant les maisons saisies, les boutiques fermées, les écoles et toute autre infrastructure en mauvais état. La liste est disponible sur mon site.
5 – Devenez journaliste.
Oui, vous. Et vos amis. N’attendez pas toute la vérité des médias dominants qui sont contrôlés par d’immenses infrastructures. Démarrez un blogue ou un site web avec de vraies informations locales, sur le modèle de celui du Michigan Messenger. Tweeter vos amis et utilisez Facebook pour alerter vos amis sur les actions politiques à mener. La presse quotidienne se meurt. Qui, sinon vous, pourra remplir ce vide ?
CINQ CHOSES ESSENTIELLES A FAIRE POUR NOUS SURVIVRE EN ATTENDANT LA FIN DE CE MARASME :
1 – Retirez votre argent de la banque si celle-ci a été renflouée par l’Etat et placez le dans des banques locales ou mieux encore dans des caisses d’épargne.
2 – Débarrassez-vous de toutes vos cartes de crédit sauf une – celle qui sera débitée à la fin du mois.
3 – N’achetez pas d’actions.
Si vous avez un peu d’argent de côté, placez le sur un compte épargne ou utilisez le pour rembourser vos mensualités afin de devenir propriétaire le plus rapidement possible. N’hésitez pas non plus à acheter des bons du trésor émis par l’état.
4 – Syndiquez-vous afin que vous et collègues puissiez donner votre avis sur le fonctionnement de votre entreprise.
C’est très simple. Il n’y a rien de plus américain que la démocratie et il est intolérable qu’on doive la laisser à l’entrée des sociétés. L’autre façon de rendre votre lieu de travail encore plus américain est de le transformer en une coopérative que vous possédez. Ne soyez pas de simples esclaves de votre salaire. Vous êtes libres, et la moindre des choses quand on donne huit heures de son temps par jour à quelqu’un d’autre est d’être justement respecté et récompensé.
5 - Prenez soin de vous et de votre famille.
Je dois avouer qu’Oprah Winfrey [2] a raison : accordez-vous des moments de paix dans votre vie et fuyez la négativité et le cynisme. Recherchez le développement et l’amour. Eteignez votre poste de télévision et votre Blackberry, et sortez marcher au moins trente minutes par jour. Mangez des fruits et légumes, refusez tout ce qui contient du sucre, le sirop de maïs à haute teneur en fructose, la farine blanche ou le sodium. Comme le dit Michael Pollan : « mangez de la vraie nourriture, mais pas trop, surtout à base de plantes. » Accordez-vous sept heures de sommeil par nuit, lisez un livre par mois. Enfin, je vais sûrement passer pour une mémé, mais regardez votre grand-mère, nom de Dieu : elle est en pleine santé, elle a l’air reposé et elle connaît par cœur le nom de ses deux représentants au Congrès sans avoir besoin d’utiliser Google. Nous ferions mieux d’écouter ses conseils. Car si nous ne portons pas nos masques à oxygène – comme ils disent dans les avions – nous ne serons d’aucune aide à notre nation dans l’accomplissement de ce plan d’attaque !
Je suis persuadé qu’il y a beaucoup d’autres idées pour consolider ce mouvement. Soyez créatifs. Sortez des terrains battus quant il s’agit de politique. Soyez subversifs ! Essayez des choses qui n’ont jamais été réalisées jusque là. Comportez vous comme si votre vie en dépendait. Soyez audacieux ! Lancez-vous dans des actions sans retenue. Votre émancipation, ainsi que celle de votre communauté et de la nation, passe par là.
Nous pouvons réussir tous ensemble. Je n’en attends pas moins de vous, mes chers amis voyageurs !
Bien à vous,
Michael Moore.
MMFlint@aol.com
Traduction : Vincent Le Leurch pour Basta!