Ce 26 novembre, un « faucheur volontaire » est appelé à comparaître au tribunal de Tours pour destruction du bien d’autrui en réunion. Les faits remontent à juillet 2010 : 119 faucheurs volontaires détruisent deux parcelles expérimentales de variétés de tournesol muté, tolérantes à un herbicide, en Indre-et-Loire. L’accusé sera seul à la barre alors que 74 comparants volontaires demandaient à être jugés. « On retiendra cette date comme le premier procès de faucheurs sur les fameux OGM "cachés" », explique le communiqué des anti-OGM locaux.
Les plantes mutées ont tout des OGM, mais ne sont pas considérées comme tels par la réglementation européenne. Ce sont des semences et des plantes soumises en laboratoire à la mutagenèse. On transforme artificiellement leurs gènes en projetant des rayons X, des agents chimiques ou des pesticides. Et on observe les transformations que cela engendre, en termes de résistance par exemple. A l’heure actuelle, la réglementation européenne [1] exclut de son champ d’application les variétés obtenues par mutagénèse.
Résultat, les plantes mutées échappent à la réglementation sur les OGM et aux obligations d’évaluation, de traçabilité, d’étiquetage et d’information des citoyens, alors même qu’elles sont déjà dans nos assiettes. L’Agence internationale de l’énergie atomique recense ainsi près de 3 000 variétés de plantes mutées de 170 espèces différentes dans le monde.
A l’occasion de ce procès, les faucheurs entendent « alerter et lutter contre la généralisation des cultures de semences brevetées et résistantes aux pesticides ». Ils espèrent la requalification des faits en fauchage OGM ce qui impliquerait, avec la loi du 25 juin 2008 relative aux organismes génétiquement modifiés, une obligation de déclaration pour toute culture de plantes mutées. Une vingtaine d’organisations [2] associatives, syndicales et politiques leur ont apporté leur soutien en menant des actions et des débats tout le week-end.