Une étude commandée par Droit au logement (DAL) évalue les « surprofits » réalisés dans le secteur immobilier. Un « surprofit », c’est le revenu généré par une activité qui dépasse un profit considéré comme « normal ». Si, depuis 1978, les revenus liés au secteur immobilier – perception de loyers et plus-value à la vente – avaient suivi une courbe similaire à la moyenne des autres types de revenus, ces revenus auraient dû atteindre 31,1 milliards d’euros en 2009 (contre 18,3 milliards en 1978). Or, les bailleurs, détenteurs de logements, de bureaux ou d’immeubles, ont perçu plus du double : 64,7 milliards d’euros. Ce qui fait du secteur immobilier l’une des activités les plus lucratives : cumulés sur trente ans, ces surprofits atteignent 450 milliards d’euros. Avec une forte accélération entre 2002 et 2008, les « années UMP » d’avant-crise.
En dix ans, les revenus des promoteurs, propriétaires, marchands de biens et autres agences immobilières ont progressé trois fois plus que la masse totale des profits (de 60 % dans l’immobilier, de 17 % en moyenne ailleurs). « Le logement cher a donc permis aux bailleurs et aux intermédiaires d’accroître de façon substantielle leurs profits, bien au-delà de ce que l’on a pu observer en moyenne dans les autres activités », analyse l’économiste Pierre Concialdi, rédacteur de cette note à la demande du DAL et de la Fondation Copernic, qui regroupe chercheurs et syndicalistes de gauche. Tel est, selon lui, « le coût de la spéculation immobilière et de la libéralisation des loyers supporté par les ménages ».
« Le débat est désormais lancé », estime le DAL. « Nous savions déjà que les loyers ont augmenté de 50 % en moyenne depuis 2000 dans le parc locatif privé (dont près de 30 % dans le parc HLM) et que les prix de l’immobilier ont plus que doublé, il restait à savoir combien [les bailleurs] ont gagné sur ce renchérissement ininterrompu des prix du logement. Il était temps de faire connaître ces profits mirifiques, réalisés sur le dos des locataires, des accédants, mais aussi des entreprises et des professionnels, notamment durant les années Sarkozy. » L’association promet que de nouveaux chiffres seront publiés prochainement. Le 9 janvier 2012, un meeting « urgence contre le logement cher » est organisé par la Fondation Copernic à Paris, en présence notamment de plusieurs candidats à la présidentielle : Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), Eva Joly (Europe écologie-Les Verts) et Philippe Poutou (NPA).