Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national devenu Rassemblement national, père de Marine Le Pen, est mort le 7 janvier. Et « dans la presse comme sur les chaînes d’info, son racisme, son antisémitisme, sa xénophobie, son négationnisme sont devenus des "dérapages verbaux", voire des "polémiques clivantes" », dénonce Arrêts sur images au sujet de la couverture médiatique du décès du nonagénaire politicien d’extrême droite. Dans les médias indépendants, en revanche, on se souvient bien de la réalité de ce qu’était Le Pen.
« Le Pen, de militaire à tortionnaire », titre le magazine Les Jours, qui retrace le parcours du personnage à travers, entre autres, les guerres d’Indochine et d’Algérie. « Entre 1954 et 1957, Jean-Marie Le Pen s’est retrouvé impliqué dans deux guerres de décolonisation et une intervention militaire. Une expérience triplement décevante. Engagé volontaire, officier dans un régiment parachutiste de la Légion étrangère, il s’était préparé à sauter sur l’ennemi et à engager le combat. Or, le lieutenant Le Pen n’a jamais connu l’épreuve du feu. Il est arrivé en Indochine quelques semaines après la défaite de Diên Biên Phu. L’opération de Suez n’a duré que quelques jours avant un cessez-le-feu imposé par les États-Unis et l’URSS. Enfin, lors de la “bataille d’Alger”, il a mené des perquisitions et arrêté des personnes soupçonnées d’être des militants du Front de libération nationale. Une tâche de policier que l’intéressé a, en plus, très certainement exercée en recourant à la torture », explique Les Jours.
Le RN, « Un fonds de commerce haineux »
Streetpress rappelle de son côté les liens de Le Pen avec tout ce que l’extrême droite française compte de groupuscules radicaux et violents : « Tout au long de sa vie, Jean-Marie Le Pen a rassemblé toutes les radicalités nationalistes et a, plus qu’aucun autre, structuré cette famille politique désormais aux portes du pouvoir. Ce mardi, sur les réseaux sociaux, des dizaines de selfies aux côtés de Jean-Marie Le Pen réapparaissent. Chacun y va de son petit mot – les vieux grognards, comme les jeunes loups – toutes tendances confondues. Monarchistes, identitaires, néofascistes ou catholiques intégristes rendent hommage à celui qui a, pendant 39 ans, dirigé le Front national, maison commune de toutes les familles d’extrême droite. »
Finalement, Le Pen, résume Les Jours, c’était « la haine décomplexée, le racisme comme programme, les dérapages antisémites en direct à la télévision… » Et sa fille, à qui il a laissé la présidence du FN en 2011. L’homme a su, écrit le magazine en ligne « grâce à une violence verbale hors normes, construire un mouvement politique qui, même quatorze années après en avoir quitté la présidence, continue à se définir par rapport à lui. Entre volonté affichée de “dédiabolisation” pour accéder au pouvoir et maintien d’un fonds de commerce haineux pour se différencier des autres partis. »