Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées mardi 10 mai dans toute la France pour manifester contre le recours à l’article 49-3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de faire adopter sans vote du Parlement le projet de Loi Travail El Khomri. Craignant de ne pas obtenir une majorité, à cause de l’hostilité de nombreux députés de son propre parti, le Premier ministre Manuel Valls a décidé de passer en force pour mettre en œuvre son projet de loi, malgré les manifestations et appels au retrait du projet par les syndicats ces dernières semaines.
« C’est pas le patronat qui fait la loi, la vraie démocratie, elle est ici », scandaient les manifestants réunis devant l’Assemblée nationale. A Toulouse, ils étaient un millier selon la police, 2000 selon les syndicats. Deux manifestants et un policier ont été blessés. Des manifestations ont eu lieu également à Lyon, Lille, Marseille, Rennes, Montpellier, Grenoble, Strasbourg,... A Nantes, on défilait avec le slogan « Tout le monde déteste le PS ». « Désolé pour le dérangement, nous essayons de sauver notre avenir », peut-on lire sur une pancarte à Paris. Ou bien « Démocratie, où t’es ? ».
Le passage en force du gouvernement est une « insulte au peuple » et un « déni de démocratie » pour le mouvement Nuit Debout, qui appelait à manifester. « 1 307 000 signataires contre la loi travail, des centaines des milliers de manifestant-e-s à plusieurs reprises dans les rues, 200 #NuitDebout en France, 71% de la population contre la loi travail : la seule réponse du gouvernement c’est le passage en force et la répression ! », rappelait le mouvement dans un communiqué diffusé le 10 mai. A droite, le parti Les Républicains et les centristes de l’UDI, favorables à un texte qui serait encore plus déséquilibré aux dépens des salariés, ont déposé une motion de censure contre le gouvernement, qui sera soumise au vote jeudi 12 mai. Le mouvement Nuit Debout a également publié une Motion de censure populaire, « considérant qu’en écartant le vote au sujet d’une réforme dangereuse et contestée par la société française dans sa majorité, le gouvernement bafoue la démocratie dont il est le gardien. »
Sept syndicats opposés au projet de loi travail, dont la CGT et FO, ont appelé à de nouvelles manifestations les 17 et 19 mai. « Alors que les salarié-es, les jeunes, les privé-es emploi, les retraité-es sont mobilisés depuis plus de 2 mois pour le retrait du projet de loi travail et l’obtention de nouveaux droits, alors que l’opinion publique reste massivement opposée à ce texte, le gouvernement décide de passer en force en utilisant le 49.3. Inacceptable ! », écrivent-ils dans un communiqué publié le 10 mai. Une journée nationale de grèves et manifestations est également prévue jeudi 12 mai – la cinquième à l’appel de l’intersyndicale, après les 9 et 31 mars, 9 et 28 avril.
Manifestation devant l’Assemblée nationale, le 10 mai, après l’annonce du recours au 49-3 par Manuel Valls dans l’après-midi :
Dessin : Rodho
Photos et vidéo : Agnès Rousseaux
A (re)lire sur le sujet :
– Loi travail : « Dire que c’est en facilitant les licenciements qu’on crée des emplois est ahurissant »
– Pourquoi la réforme du code du travail met en péril la sécurité et la santé des salariés
– Les réformes du droit du travail généralisent la précarité partout en Europe
– Loi travail : les plus gros bobards du gouvernement
– La mobilisation en ligne contre le projet de démantèlement du droit du travail cartonne
– Agir contre le mal-travail : « Il en va de l’avenir de notre santé, de la planète et de la démocratie »
– Près d’un demi million de manifestants le 9 mars : « On n’a pas voté pour le Medef »
Tous nos articles sur le projet de Loi Travail sont à retrouver ici.