Photo : Alain Bachellier
Le militantisme au sein de la Jeunesse ouvrière chrétienne, où elle entre dès 14 ans, dans les années 1960. Le syndicalisme de transformation sociale avec la CFDT dans les années 1970 et 1980 alors qu’elle travaille à l’ANPE. La lutte auprès des mouvements de chômeurs dans les années 1990, avec la fondation d’Agir contre le chômage (AC !). Puis la construction d’alternatives politiques à gauche dans les années 2000, avec l’élection au Conseil régional Île-de-France sous l’étiquette Alternative citoyenne, et la vice-présidence en charge de la démocratie régionale. Mais la fille d’ouvrier se désespère de l’absence d’unité, des mesquines querelles d’appareils et du manque d’ambitions à gauche du PS, avec le résultat que l’on sait au premier tour de l’élection présidentielle de 2007. Tels sont le riche parcours et les multiples combats de Claire Villiers, qui s’est éteinte, victime d’un cancer, dans la matinée du 3 décembre.
Toujours disponible, toujours sincère, des mobilisations de la rue jusqu’à son siège d’élue, Claire incarne une éthique de l’engagement, qu’on aimerait déceler plus souvent avec une si déconcertante régularité chez soi-même comme chez les autres. Au sein du Conseil régional, elle était l’une des rares à vouloir que les élus du peuple réinvestissent la question du travail, laissée de côté par les politiques régionales. « La démocratie s’arrête à la porte des entreprises », disait-elle souvent. Pour elle, pas de démocratie sans démocratie dans le travail. Ce travail, aujourd’hui malmené par la précarité, les pénibilités et les diktats financiers, constitue pour Claire l’un des principaux terrains d’expérimentation de l’oppression néolibérale. Vice-présidente de la région, au nom d’une vision peu orthodoxe d’une démocratie régionale revigorée, elle n’a pas hésité à fortement appuyer l’émergence de nouvelles expressions associatives, quitte à déplaire.
Si vous ne la connaissiez pas ou si vous l’avez juste croisée, vous pouvez lire le long entretien que la revue Vacarme avait publié, ou voir l’interview filmée que Basta! avait réalisée avant le dernier scrutin régional.
La rédaction de Basta!